Les leçons de Warren Buffett

La lettre aux actionnaires de Berkshire Hathaway est toujours source d’enseignements pour les investisseurs.

Jocelyn Jovène 27.02.2019
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Warren Buffet at NYSE

La livraison 2019 de la lettre de Warren Buffett aux actionnaires de Berkshire Hathaway, l’entreprise qu’il dirige avec Charlie Munger, est sortie ce week-end en même temps que la publication des résultats annuels du conglomérat (lire notre analyse ici).

Cette année, il faut reconnaître qu’il y a moins de bons mots à se mettre sous la dent.

L’objectif est d’aider les actionnaires de Berkshire Hathaway à faire la part des choses entre les différentes sources de résultat du conglomérat (les « bosquets » de la forêt Berkshire Hathaway), l’utilisation de cash excédentaire dont dispose le groupe (112 milliards de dollars fin 2018), et un point traditionnel sur le portefeuille de titres (172,8 milliards de dollars).

L’histoire remarquable de Berkshire Hathaway (croissance annuelle de 18,7% de l’actif net par action entre 1965 et 2018 ou en cumulé 1.091.899%) repose sur plusieurs éléments : le talent de Buffett et Munger en matière d’allocation du capital, leur patience et leur discipline en matière de prix payé.

Le rôle premier de Buffett et Munger est le déploiement du capital : acquérir des entreprises bien gérées, en totalité ou en partie, qui bénéficient d’un avantage concurrentiel durable. Et les acheter à un prix raisonnable.

Les investisseurs qui souhaitent en savoir davantage peuvent se référer au manuel de l’actionnaire.

Berkshire Hathaway repose aujourd’hui sur une multitude d’activités, mais il est possible de les regrouper en cinq ensemble cohérents, comme l’explique Buffett.

Le premier regroupe les activités industrielles et de services (BNSF, Marmon, IMC, Precision Castparts, Lubrizol). Ces activités ont dégagé un profit avant impôt de 20,8 milliards de dollars l’an dernier (+24%). Le groupe a par ailleurs investi 14,5 milliards de dollars (dont 89% aux Etats-Unis).

Le deuxième ensemble opère dans les domaines de l’assurance (Geico, National Indemnity, General Re). Ce pôle a dégagé un profit avant impôt de 2 milliards de dollars, et n’a été déficitaire qu’en 2017 au cours de 16 dernières années.

Le troisième ensemble regroupe les co-entreprises dans lesquelles Berkshire Hathaway est actionnaire minoritaire significatif (26,7% de Kraft Heinz, 38,6% dans Pilot Flying J) ou dont une des filiales est un partenaire (Berkadia, Electric Transmission Texas).

Cette année, mauvaise nouvelle, les contre-performances de Kraft Heinz ont pesé. Un sujet qui risque de soulever beaucoup de questions de la part d’actionnaires qui s’étaient inquiétés par le passé de l’association entre Buffett et le fonds d’investissement 3G Capital, dont les méthodes centrées sur la réduction des coûts avaient été critiquées.

Etonnamment, Buffett se montre peu disert sur le sujet. S’il a expliqué par la suite avoit mal évalué son investissement dans Kraft Heinz, il

Le portefeuille de titres (Coca-Cola, Apple, American Express, Bank of America…) constitue le quatrième pôle et c’est celui qui attire le plus l’attention des médias. Il faut dire qu’il est . Dans ce domaine, Buffett est toujours aussi mutique.

L’an dernier, il a toutefois été actif puisqu’il a acquis pour 43 milliards de dollars de titres et cédé 19 milliards. Moins d’activité dans un contexte de correction boursière aurait été surprenant.

Le cinquième est le cash dont dispose le groupe pour réaliser des opérations de croissance externe. A 112 milliards de dollars (dont 20 sont réservés à la couverture de catastrophes majeures liées aux activités d’assurance), Buffett a tout le loisir d’agir.

Toutefois, cette année, le dirigeant estime que les prix sont trop chers. « Les prix sont excessifs (« sky-high ») pour des entreprises dont les perspectives sont correctes », observe-t-il.

La lettre se conclut sur une nouvelle note d’optimisme quand à l’avenir de l’économie américaine. Pas étonnant quand on sait que le gros des revenus des sociétés contrôlées par Buffett et Munger sont liés à la santé de l’économie américaine. En se montrant un éternel optimiste, Buffett ne fait que souhaiter une éternelle bonne santé à son propre portefeuille. La boucle est bouclée.

 

L’interview complète de Warren Buffett sur CNBC 

Watch CNBC's full interview with iconic investor Warren Buffett from CNBC.

 

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est le rédacteur en chef de Morningstar France.