3 banques européennes sortent du lot

Le secteur bancaire européen donne l’impression d’un navire qui sombre. Mais toutes les banques ne sont pas logées à la même enseigne.

Jocelyn Jovène 16.10.2018
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Le secteur bancaire européen donne l’impression d’un navire qui sombre. Mais toutes les banques ne sont pas logées à la même enseigne. Le tableau suivant retrace la performance annuelle des plus grosses banques européennes constituant l’indice Stoxx Europe 600 Banks.

Comme nous l’avons vu, il est difficile d’expliquer cette correction boursière par les fondamentaux : les estimations de résultats ont été revues en hausse de 3%. La chute du secteur s’explique principalement par l’effondrement des multiples de valorisation à 9,1x les profits attendus au cours des 12 mois à venir.

Derrière ce tableau peu engageant, on trouve toutefois de grandes disparités de performance boursière entre valeurs.

Europe Banks Heatmap 20181012

Source : Morningstar Direct

Si l’on analyse la performance boursière des principales banques européennes composant l’indice Stoxx Europe 600 Banks au cours des quinze dernières années, trois établissements surperforment assez largement l’ensemble du secteur, même si leur cours de Bourse s’est parfois montré aussi volatil que le reste du secteur : DNB (+391%), Erste Bank (+218%) et Svenska Handelsbanken (+190%).

L’année 2018 ne dément pas ces résultats : DNB gagne près de 7%, Erste ne recule que de 1,8% et Handelsbanken cède 9% (cours au 12 octobre).

Sans surprise, ces titres affichent aujourd’hui une prime de valorisation par rapport au reste du secteur, avec des P/E 2019 de respectivement 10,6x, 10,2x et 12x. Si l’on regarde le multiple d’actif net comptable, ces banques se traitent sur des multiples compris entre 1,2x et 1,4x, et entre 1,2x et 1,5x l’actif net tangible, qui retraite les fonds propres du montant des survaleurs.

Mais dans l’ensemble, les trois banques affichent des niveaux de rentabilité des fonds propres assez confortables – 11,3% pour DNB, 11,1% pour Erste Bank ou 11,7% pour Svenska Handelsbanken. De même, le rendement du dividende proposé est raisonnable pour DNB et Handelsbanken – respectivement 5,6% sur la base du dividende attendu en 2019 et 6,2% (contre 5,7% pour le secteur bancaire).

Ces bons résultats reflètent une capacité des banques nordiques en particulier de faire croître leur produit net bancaire, reflet d’une production en croissance du nombre de prêts consentis, notamment dans le secteur immobilier.

Est-ce à dire qu’ils pourront surperformer à l’avenir ? Oui si leur stratégie leur permet de conforter leur position concurrentielle et si leur bilan est géré de manière prudente, c’est-à-dire si l’accès à la liquidité est maîtrisé et si les prêts consentis n’augmentent pas le degré de risque.

Le scandale Danske Bank, établissement danois soupçonné de blanchiment d’argent, est là pour rappeler que les établissements qui auraient succombé aux profits faciles, quitte à se mettre en situation d’illégalité, s’exposent à de graves sanctions sur le plan boursier (outre celle que le régulateur pourrait leur imposer).

Pour les analystes de Morningstar qui suivent Handelsbanken et Eeste Bank, les résultats du premier semestre ont été d’assez bonne facture dans l’ensemble. Pour la première, cela tient à l’augmentation des volumes de prêts accordés, mais également aux frais et commissions perçus dans le cadre de leur activité de gestion d’actifs.

Pour Erste Bank, la contribution favorable des activités de trading (dérivés), des taux d’intérêts et des volumes en hausse ont aidé à publier des résultats en croissance et à dégager une rentabilité des fonds propres tangibles de 13,3%.

 

Performance des grandes banques européennes sur 15 ans

Europe Banks 20181012

Source : Morningstar Direct

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est le rédacteur en chef de Morningstar France.