Les marchés intègrent progressivement le risque italien

Faute de visibilité, les marchés se montrent moins complaisants à l’égard de l’Italie.

Jocelyn Jovène 25.05.2018
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L’annonce d’un « accord » de coalition entre les deux partis d’extrême italien (Lega et M5S) commence à peser sur le sentiment des investisseurs.

Depuis le début de l’année, l’indice FTSE MIB affiche toujours un gain de 4,1%, mais cède 7,3% depuis son plus haut de l’année atteint le 7 mai dernier. L’incertitude est encore plus manifeste sur les marchés obligataires où le « spread » ou écart de taux entre les obligations italiennes et allemandes, considérées comme les plus sûres, a bondi de 88 points de base depuis le 7 mai, passant de 123 à 211 points de base (contre un spread de 159 points de base fin 2017).

FTSE MIB since 2017 20180524

Source: Morningstar Direct

Alors que l’économie italienne va mieux et qu’elle dégage un surplus primaire, le niveau d’endettement très élevé (environ 130% du PIB) interroge sur la capacité de la coalition de mettre en place ses mesures les plus populaires (revenu « citoyen » de 780 euros par mois, mise en place de deux tranches d’impôts à 15 et 20%, abrogation de la loi Fornero qui prévoyait le report de l’âge de départ à la retraite, remise en question des relations avec l’Union européenne) – dont l’impact atteindrait 6% à 7% du PIB sans réelle contrepartie en matière d’économies budgétaires.

Les marchés sont particulièrement sensibles à la position du prochain gouvernement et de ses deux parties sponsors sur l’union européenne et la zone euro.

La perspective d’une sortie de la zone euro serait bien évidemment catastrophique car elle aurait des implications systémiques d’une ampleur sans commune mesure avec le risque grec. Un risque qui est loin d’être intégré dans les cours.

Pour l’heure, les stratégistes se montrent prudents. Société Générale anticipe un écartement vers 250 points de base d’ici septembre, tant en raison de l’incertitude politique croissante que de la perspective d’une réduction des achats d’actifs de la BCE.

« Des difficultés de financement et des dégradations de la note de crédit de l’Italie pourraient ramener les spreads aux niveaux de 2011-2012 voire au-delà, si la probabilité d’une restructuration de la dette italienne augmente », ajoutent-ils dans une note datée du 25 mai.

Ce facteur amplifierait la volatilité des marchés de taux et d’actions et compliquerait la tâche des investisseurs. Pour l’heure, ces derniers ne sont pas inactifs, puisque l’on observe déjà des sorties des ETF investis en actions italiennes.

Les principaux instruments ont subi 180 millions d’euros de sorties nettes entre fin avril et le 24 mai, après avoir collecté 1,9 milliard d’euros courant avril, selon les données Morningstar.

 

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est le rédacteur en chef de Morningstar France.