Pour les Français, les « robo-advisors » sont complémentaires aux CGP

Selon une enquête, les investisseurs s'intéressent de plus en plus au conseil algorithmique, mais pour le moment continuent d'apprécier le contact humain. C’est important de se poser les bonnes questions. 

Valerio Baselli 05.03.2018
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Les Conseillers en Gestion de Patrimoine (CGP) peuvent pousser un soupir de soulagement. D’après une récente enquête publiée par Gambit Financial Solutions, une fintech belge spécialisée dans le conseil en gestion au moyen de robots, 75% des investisseurs français considèrent les « robo-advisors » (ou robots-conseillers) comme des outils complémentaires aux conseils professionnels.

En effet, d’après l’étude (menée en janvier 2018 auprès de 301 investisseurs français, propriétaires de leur logement et disposant d’un revenu brut individuel annuel supérieur ou égal à 80.000 euros) la satisfaction des personnes interviewées pour qualifier leurs relations avec les conseillers professionnels est large (80%), notamment vis-à-vis des explications apportées pour leurs investissements (risque, performance). L’accompagnement de leur conseiller professionnel est donc clé pour les investisseurs.

Cela, cependant, ne signifie pas que cette nouvelle forme de conseil ne suscite pas d’intérêt : 57% des personnes interrogées seraient prêtes à recevoir des conseils issus de robo-advisors. A l’inverse, seuls 12% se montrent rétifs à ces technologies. « Il y a trois ans, très peu d’investisseurs auraient déclaré leur intérêt pour un robo-advisor. Ils sont désormais près d’un sur deux à envisager le recours à un robot conseiller pour gérer leurs investissements. La progression est remarquable », a commenté dans un communiqué de presse Geoffroy de Schrevel, directeur général de Gambit Financial Solutions.

De quoi s’agit-il ?

Déjà bien développé aux Etats-Unis, les robo-advisors ont débarqué en Europe il y a quelques années et ont déjà bousculé le monde des conseillers financiers traditionnels. Il s'agit de plateformes en ligne utilisant des outils sophistiqués pour construire et gérer un portefeuille diversifié. Ces outils sont faciles à utiliser et coutent bien moins qu’une gestion exercée par un conseiller humain. 

Pour développer leur stratégie d’investissement, la plupart des robo-advisors font appel à des algorithmes qui intègrent de multiples données (secteur, zone géographique, performances passées, volatilité) en les combinant avec une série d'informations sur le client (aversion au risque, âge, patrimoine personnel, profession, capacité d'épargne, objectifs d'investissement, horizon d’investissement, etc.). Le robo-advisor pourra ensuite arbitrer seul l’allocation des actifs (gestion sous mandat) ou proposer des arbitrages au client (gestion libre conseillée). Dans les deux cas, le robot vise à optimiser le couple rendement/risque du portefeuille en fonction du profil du client et de l’évolution du marché.

A noter que les outils que proposent les robo-advisors ne sont pas en eux-mêmes des innovations. Les professionnels de la finance disposaient d’outils similaires depuis des années mais ces programmes complexes leurs étaient réservés. L’innovation apportée est de donner à la masse des investisseurs un accès à faible coût à tous ces outils de gestion à travers des interfaces simplifiées.

Chaque plateforme disposant de son propre modèle algorithmique, les performances de gestion pourront varier sensiblement d’un robo-advisor à l’autre et comme pour les conseillers traditionnels, il y aura les bons et les moins bons.

Et en France ? Le marché de l’Hexagone est aujourd’hui encore en structuration et plutôt petit si comparé à d’autres pays européen comme l’Allemagne et surtout le Royaume-Uni. En France, on compte à ce jour une dizaine d’acteurs s’adressant directement à une clientèle finale : entre d’autres, Advize, Fund Shop, Yomoni, WeSave, Grisbee, Birdee, Primonial, Nalo ou Marie Quantier.

Pas tous les mêmes

Mais attention, ils ne proposent pas tous le même mode de gestion ou les mêmes conditions en termes de coûts, d’univers d’investissement ou de produit proposé.

Certains font de la gestion conseillée : l'épargnant pilote lui-même son portefeuille tout en bénéficiant de recommandations d’arbitrage qu’il reçoit régulièrement en fonction de l’évolution des marchés et de ses objectifs, qu'il décide ou non d'exécuter. 

D’autres, en revanche, font de la gestion déléguée. L'investisseur signe un mandat à la société du robot-conseille, qui s'occupe de lui ouvrir un ou plusieurs produits (contrats d'assurance-vie, des PEA ou des comptes-titres), parfois chez un partenaire, et assure au quotidien la gestion de son allocation. Une formule proche de la gestion pilotée proposée par certaines banques en ligne, notamment Boursorama et ING Direct, même si en moyenne les robo-advisors affichent des frais plus contenus et dans la plupart de cas utilisent presque exclusivement des produits passifs, comme les ETF (les deux choses vont ensemble, puisque les ETF, à leur tour, sont beaucoup moins chers que les fonds actifs). Cliquez ici pour lire Gestion passive vs active : poser le bon débat

Dans le cadre d'une gestion déléguée, donc, aucune implication n'est requise de la part de l'épargnant. Si ce dernier souhaite garder un minimum la main sur la gestion de son portefeuille, mieux vaut qu'il opte pour une gestion conseillée. Dans certains cas, il y a aussi la possibilité de choisir une option à mi-chemin entre les deux : la gestion copilotée (l’épargnant confie la gestion de son épargne au robo-advisor mais peut intervenir au besoin).

Les questions à se poser

Une fois que vous avez décidé de faire le saut et de miser sur les conseils d’un robot, de façon exclusive ou complémentaire à un consultant en chaire et en os, la première question qu’il faut se poser, donc, est savoir si vous souhaitez que tout soit pris en charge (gestion sous mandat), ou si vous préférez pouvoir éventuellement intervenir (gestion copilotée) ou être seul maître à bord (gestion conseillée).

Ensuite, comme toujours, il faut faire un choix attentif qui prenne en compte différents critères : la typologie du contrat, les commissions, la profondeur et qualité de l'univers des produits investissables, le degré de risque proposé (donc le profilage réalisé), sans oublier le côté fiscal, tout comme la possibilité de transférer des contrats déjà ouverts.

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A propos de l'auteur

Valerio Baselli

Valerio Baselli  est éditorialiste chez Morningstar Italie.