Les fournisseurs de fonds passifs s'intéressent activement à l’ESG

Les investisseurs institutionnels sont de plus en plus conscients de l'impact positif de l'intégration des critères de durabilité et des pratiques d’actionnariat actif. 

Hortense Bioy, CFA 13.11.2017
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Les émetteurs de produits passifs ne traitent plus les questions relatives à l’investissement responsable comme une simple case à cocher ou pas, mais cherchent activement à influencer les sociétés dans lesquelles ils investissent et à améliorer leur approche ESG à tous les niveaux. Ils votent et s'engagent directement avec les entreprises sur des questions importantes comme la rémunération des dirigeants, la diversité des conseils d'administration et le changement climatique.

La progression de l'investissement passif a soulevé des questions sur les implications pour l'allocation du capital et la gouvernance d'entreprise. Les critiques de ces instruments estiment qu'en possédant toutes les sociétés dans un indice, les investisseurs passifs ne se soucient pas de savoir si l'entreprise A fait mieux que l'entreprise B en termes de développement durable, ou si le secteur C fait mieux que le secteur D. Cette absence de discrimination pourrait conduire à une allocation inefficace du capital, avec des flux vers des entreprises qui ne le méritent pas.

Une façon d'atténuer en partie ce risque est que les investisseurs s'assurent que les sociétés de gestion passive surveillent de manière adéquate les entreprises qu'elles détiennent. La bonne nouvelle est que c'est exactement ce que certains des plus grands groupes émetteurs de fonds passifs se sont engagés à faire.

La bonne direction

Il y a eu un clair changement au cours des dernières années, principalement attribuable aux grandes sociétés de gestion. Les investisseurs institutionnels sont de plus en plus conscients de l'impact positif que l'intégration des critères ESG et les pratiques d’actionnariat actif peuvent avoir sur la performance des investissements.

Les régulateurs ont contribué davantage à l'adoption de codes qui alignent les intérêts des sociétés de gestion avec ceux de leurs clients (ce que l’on appelle le « stewardship ») dans plusieurs pays, notamment au Royaume-Uni, en Suisse et plus récemment, au Japon.

Un autre facteur qui pousse le changement de comportement des gestionnaires de fonds passifs est la croissance considérable des actifs qu'ils gèrent. Les actifs des fonds indiciels traditionnels et des ETF ont quadruplé depuis la crise financière et représentent aujourd'hui près d'un quart du total des actifs des fonds à l'échelle mondiale, selon les données de Morningstar.

Le rôle des gérants passifs en tant qu’investisseurs « actifs » ou activistes est d'autant plus important qu'ils sont les derniers actionnaires de long terme des sociétés cotées. Contrairement aux fonds actifs, qui peuvent simplement vendre une action lorsqu'ils ne sont pas d'accord avec la gestion d'une société, les fonds indiciels ne peuvent pas vendre. Pour cette même raison, outre le fait de vouloir voir leurs encours croître, les gérants passifs ont toutes les raisons de s'assurer que les entreprises dans lesquelles ils investissent se portent bien.

À cet effet, certaines sociétés de gestion ont renforcé leurs équipes spécialisées en gouvernance d'entreprise. BlackRock a augmenté son équipe de 20 membres en 2014 à 31 membres actuellement. L'équipe de gestion dédiée à la « stewardship » chez Vanguard a plus que doublé depuis 2015, pour compter 21 personnes.

Les fournisseurs ne sont pas tous attentifs à l’ESG

Les gérants passifs n’entreprennent pas tous ce type d’activité de la même manière et avec la même intensité. Il y a des différences qui découlent non seulement de la taille et de la capacité des maisons de gestion, mais aussi de leur philosophie, de leur portée géographique et de leur histoire.

En ce qui concerne l’actionnariat actif, certaines entreprises sont plus proactives que d'autres. Certains sont également en mesure d’apprendre de leurs gérants de portefeuille actifs internes, tandis que d'autres sont dépourvus de telles ressources. L'objectif de l'engagement peut également varier considérablement, certains groupes se concentrant presque exclusivement sur les aspects de gouvernance, tandis que d'autres ont des politiques en place qui traitent également des questions sociales et environnementales.

Compte tenu de l'importance de l'investissement responsable et de l'intérêt croissant des investisseurs pour l’ESG, on ne peut que s'attendre à ce que les pratiques de gouvernance d’entreprise et de « stewardship » soient examinées de plus près. Les gérants d'actifs ayant une activité passive importante n'échapperont pas à cet examen minutieux.

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A propos de l'auteur

Hortense Bioy, CFA

Hortense Bioy, CFA  est directrice mondiale de la recherche sur l'investissement durable chez Morningstar