La retraite inquiète les Français

Manquer d’argent pour la retraite est un des principaux risques identifiés. Etonnamment, ils y consacrent une part de plus en plus faible de leur épargne.

Valerio Baselli 07.11.2017
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Le coût élevé de la vie, la fiscalité et la possibilité de manquer d’argent pour la retraite sont les principaux risques identifiés par les Français, d’après la dernière enquête annuelle du gestionnaire d’actifs BlackRock sur les comportements d’épargne et d’investissement.

Menée auprès d’un échantillon de 28.000 personnes dans 18 pays différents, dont 1.000 Français, l’étude a révélé que les Français estiment subir une pression financière plus forte, qui les oblige à travailler plus longtemps que leurs parents pour 32% des personnes interrogées.

Leur sentiment est en outre que le niveau des prestations de retraite fournies par l’Etat définira l’âge de départ à la retraite (28%) tandis que l’allongement de la durée de vie contraindra les Français à financer eux-mêmes leur retraite (pour 21% d’entre eux). Enfin, 50% des Français considèrent que l’Etat est responsable du revenu qu’ils toucheront à la retraite. C’est la plus forte proportion enregistrée en Europe.

Paradoxalement, le nombre de Français qui consacrent une part de leurs ressources financières disponibles pour leur retraite a chuté de 7% pour s’établir à 45% de la population, ce qui constitue le plus faible niveau en Europe.

Les Français consacrent en moyenne 7% de leurs revenus mensuels à leur future retraite. Si ce niveau est similaire à celui observé en Espagne et en Suède, il est moins élevé que dans les autres pays (jusqu’à 15% à Singapour).

Selon l’enquête, les citoyens de l’Hexagone voient comme principales barrières le fait de ne pas avoir suffisamment de ressources financières disponibles pour épargner (48%) ou d’avoir d’autres priorités financières immédiates (24%).

Seuls 12% des Français affirment être sur la bonne voie pour obtenir les revenus qu’ils souhaitent lors de leur départ à la retraite, mais près de 60% d’entre eux ne savent pas ou n’ont aucune idée du chemin qu’il leur reste à parcourir pour obtenir le niveau de revenus souhaité une fois qu’ils ne seront plus en activité professionnelle.

Un manque de diversification

Les problèmes ne s'arrêtent pas là. En effet, même cette partie des Français qui ont décidé d’investir pour leur retraite admet une insuffisance en matière de diversification de son épargne. Une majorité d’entre eux se tournent vers des comptes épargne (26%), des produits d’assurance (20%) ou tout simplement leurs économies (19%) pour les placements dédiés à la retraite.

D’après l’étude de BlackRock, un tiers des Français affirment que le meilleur moyen de générer des revenus pour la retraite est de conserver des liquidités à la banque en touchant des intérêts. 23% estiment qu’ils conserveront puis puiseront dans leur fonds de retraite actuel. Ils ne sont que 23% à déclarer vouloir investir leur argent dans d’autres produits d’épargne et d’investissements.

« Les Français sont parmi les plus conservateurs en termes de placements en Europe. Ils ne savent généralement ni s’ils vont investir ni quel type d’actifs choisir. Cette frilosité et cette aversion au risque s’observent également dans leurs choix financiers pour préparer la retraite : bien que les Français craignent de manquer de ressources pour leurs vieux jours, la part de l’épargne qui y est consacrée demeure paradoxalement très faible. Une incitation fiscale forte, un retour sur investissement garanti et des risques maîtrisés sont les déterminants qui permettraient de dynamiser l’épargne et l’investissement des Français », observe Jean-François Cirelli, le président de BlackRock en France.

Beaucoup d’épargne pour très peu d’investissement

Même en élargissant le camp au-delà de la retraite, les Français font preuve d’un certain immobilisme en matière d’investissements : malgré un taux d’épargne élevé (14% en 2016 selon les données de la Banque de France), deux Français sur cinq n’ont rien changé à leurs investissements au cours de la dernière année et près d’un tiers estiment qu’un maintien des taux bas n’aura aucun impact sur leurs finances personnelles.

Selon l’étude, en outre, les Français conservent une part très importante de liquidités sur leurs comptes (pour 82% d’entre eux) et privilégient l’assurance vie en euros pour leurs placements (40%). Selon l’enquête, l’allocation actuelle des actifs financiers détenus par les Français comprend 59% de liquidités (y compris Livret A), 18% de contrats d’assurance vie en euro, 9% d’investissements immobilier, 9% d’actions, de fonds communs de placement, multi-actifs et obligations et 5% d’autres produits.

« Les Français ont du mal à investir dans les produits financiers car ils estiment que ces derniers ne sont pas adaptés à leur besoin. Beaucoup de pédagogie sera nécessaire afin de leur faire prendre conscience de l’intérêt des placements financiers », lit-on parmi les conclusions de l’analyse.

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A propos de l'auteur

Valerio Baselli

Valerio Baselli  est éditorialiste sénior chez Morningstar.