2016 : les moteurs de performance ont été volatils

L’année passée montre l’importance d’être discipliné et d’avoir une approche diversifiée en matière de gestion de portefeuille, explique Ben Johnson.

Ben Johnson 19.01.2017
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Une version de cet article a été publié dans le Magazine Morningstar et sur le site www.morningstar.com le 11 janvier 2017.

L’an dernier, l’analyse des facteurs de risque a révélé des changements de tendance parfois brutaux et d’ampleur. La « Value » a marqué son grand retour avec la remontée des taux longs, surperformant le style « Growth » qui, aidé par la chute des rendements obligataires, surperformait depuis de nombreuses années.

Les petites capitalisations ont gagné du terrain au détriment des grandes capitalisations, avantage qui s’est encore amplifié avec la victoire de Trump à l’élection présidentielle.

Les actions à faible volatilité (« low vol »), qui surperformaient les marchés, se sont fait distancer par les titres à béta élevé à partir du second semestre.

Les changements de tendance ont été nombreux et profonds. De fait, ce ne sont pas que les facteurs de risque qui ont changé. On a observé un mouvement de rotation sectoriel et des variations entre classes d’actifs souvent importants.

Rappel : les facteurs sont cycliques

Le tableau suivant montre comment les performances des différents facteurs de risque depuis 2007, à travers les performances de différents ETF « strategic beta ». Ces fonds ne donnent qu’une approximation de la performance des facteurs de risque, car il y a toujours un gap entre ce que dit la théorie financière et sa mise en œuvre dans des produits d’investissement. Néanmoins, ces ETF représentent ce que nous pensons être les meilleures options pour apprécier les facteurs de risque mentionnés.

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Le tableau ci-dessus présente une sélection d’ETF disponibles à la vente aux Etats-Unis (donné à titre strictement indicatif), et qui offrent un historique de performance relativement long. Ce tableau montre que si certains facteurs de risque peuvent surperformer le marché, ils peuvent aussi subir un important retard sur le marché en raison des phénomènes de mode. Deux exemples l’illustrent : les stratégies de rendement (dividende) et les approches « value » ont sous-performé le marché pendant plusieurs années.

Ensuite, ces stratégies ont un coût – que l’on peut mesurer en regardant la perte maximale (« drawdown ») et la volatilité des fonds – ce qu’illustrent 3 des 5 fonds qui ont battu l’ETF Vanguard Total Stock Market durant cette période. Pourquoi est-ce important ? Parce que comme la recherche de Morningstar l’a montré, les fonds les plus volatils tendent à produire des rendements décevants pour les investisseurs. Face à ces phénomènes de mode, les investisseurs doivent se montrer disciplinés. C’est souvent le plus dur.

Dans les tableaux suivants, nous avons comparé la performance d’ETF à béta stratégique se focalisant sur différents facteurs de risque.

Value vs Growth

Le tableau 3 mesure la différence de performance des ETF ayant un biais « Value » et « Growth » (le Vanguard Value ETF ou VTV et le Vanguard Growth ETF ou VUG). On observe un renversement de tendance à partir du mois d’octobre. La surperformance du style « Value » par rapport au style « Growth » atteint 9 points de pourcentage sur l’année 2016. Cela reflète une pure approche « Value », qui est que les secteurs les plus décotés des services financiers, de l’industrie et de l’énergie ont connu un rebond marqué pendant l’année. Délaissés en début d’année, ils ont bénéficié d’un retour en grâce auprès des investisseurs, aidés par l’amélioration des données macro-économiques, et la remontée des rendements obligataires et des anticipations d’inflation.

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Petites vs Grandes

Au cours des trois dernières années, les petites valeurs ont passé la plupart du temps à sous-performer les grandes capitalisations. Cette situation s’est inversée fin 2016. Les petites valeurs ont bénéficié d’un regain d’intérêt après l’élection de Trump, avec un rebond des valeurs technologiques, industrielles et du secteur des matériaux de base. Il est difficile de dire si ce mouvement arrive à son terme, compte tenu de la nature changeante et volatile des facteurs en question.

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Béta vs « Low vol »

Les titres de faible volatilité ont été les valeurs favorites des marchés ces dernières années, les investisseurs étant à la recherche de sociétés offrant une bonne visibilité sur leurs flux de trésorerie, tandis que les rendements obligataires chutaient sur fond de craintes déflationnistes. Pourtant à partir du début de l’année, les titres à béta élevé ont commencé à rebondir, mouvement qui s’est amplifié au cours du second semestre une fois le « Brexit » passé.

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Principaux enseignements

1. Les facteurs de risque sont cycliques. Ils peuvent connaître des périodes plus ou moins longues de surperformance puis de sous-performance. Ces périodes peuvent être liées à des éléments fondamentaux. Les investisseurs doivent être conscients que ces phases peuvent être bien plus longues que ne peut l’être la patience d’un investisseur.

2. Le bénéfice tiré d’un facteur peut être concentré sur une période de temps très courte. Prévoir ces périodes est impossible.

3. La cyclicité des facteurs de risque explique également pourquoi ils existent. La psychologie des investisseurs est un élément important pour comprendre les hauts et les bas des facteurs de risque.

4. Chercher à prévoir les changements des facteurs de risque est une perte de temps. Le résultat d’un « timing » réussi des facteurs de risques n’est pas suffisant au regard des risques qu’il faut prendre.

5. Comme toujours, la diversification est votre meilleure alliée. Combiner plusieurs facteurs de risque ou investir dans un fonds multi-facteurs peut réduire le risque de comportement adverse de votre portefeuille et vous permettre de faire un meilleur usage des facteurs de risque – encore faut-il que cela soit en cohérence avec votre tolérance au risque.

 

 

 

 

 

 

 

http://news.morningstar.com/articlenet/article.aspx?id=787709&SR=Yahoo&yptr=yahoo

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A propos de l'auteur

Ben Johnson  Ben Johnson is Morningstar’s Director of European ETF Research.