Crédit: les investisseurs fuient le haut rendement

Les investisseurs ont préféré prendre leurs profits avant l'élection américaine et matérialiser leurs gains la fin de l'année.

Dave Sekera, CFA 09.11.2016
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Les actifs risqués connaissent un environnement de marché difficile, et c’est notamment le cas du crédit, affecté par l’écartement des spreads, sur fond de repli des actions et des matières premières. Le spread moyen de l‘indice Morningstar Corporate Bond s’est accru de 4 points de base à +140 points de base. Le spread de l’indice Bank of America Merrill Lynch High Yield Master a bondi de 44 points de base à +520.

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Nous avions précédemment souligné le fait que le calendrier des émissions ainsi que les opérations de fusions-acquisitions avaient bien occupé les opérateurs de marché. Nous avions notamment souligné le regain d’activité sur le marché secondaire lié à des activités de nettoyage de portefeuille de la part d’investisseurs institutionnels avant la fin de l’année.

Etant donné la performance solide du crédit de qualité (« investment grade ») et du haut rendement, les investisseurs cherchent à conserver leurs gains et ont commencé à adopter un positionnement plus défensif.

Les sorties des ETF exposés au haut rendement ont été particulièrement soutenus. Par exemple, sur le marché du haut rendement, 3,8 milliards de dollars ont été retirés des fonds haut rendement et des ETF. C’est la deuxième plus grosse semaine de décollecte au cours des 52 semaines passées. Le précédent record remonte à décembre 2015, avec 3,9 milliards de dollars de sorties de capitaux, au moment où le cours du baril était tombé sous les 40 dollars. Sur ces montants, 3,3 milliards ont concerné les ETF.

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Plusieurs raisons expliquent ce mouvement de sortie massive.

Tout d’abord, de nombreux investisseurs souhaitaient sortir de la classe d’actifs avant l’élection présidentielle.

Ensuite, même si les dernières statistiques économiques ont montré un rebond de l’activité avec un PIB en hausse de 2,9% au cours du troisième trimestre en rythme annualisé, nombreux sont ceux qui ont pensé que cette dynamique ne durerait pas au cours du quatrième trimestre. Ainsi, le trimestre a été marqué par un rebond significatif des exportations de soja, qui ont contribué à hauteur de 0,9% à la croissance du PIB – un exploit qui ne se répètera pas.

Troisièmement, il semble que la Fed soit bien engagée dans un mouvement de remontée des taux directeurs (même si l’élection de Donald Trump a fait chuté la probabilité estimée par les marchés sous les 50%). Celui semble de moins en moins évitable au regard des bons indicateurs économiques.

Enfin, la saison des publications de résultats approche son terme et les prévisions pour le quatrième trimestre ont été sans saveur. Avec un spread sur le haut rendement à un point bas autour de 400 points de base fin octobre et le repli des cours du pétrole, le potentiel d’appréciation pour la classe d’actif semblait atteint et de nombreux investisseurs ont préféré prendre leurs profits.

 

 

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A propos de l'auteur

Dave Sekera, CFA  Dave Sekera, CFA, is chief U.S. market strategist for Morningstar.