Fonds d’allocation : bien comprendre où est le risque

La proportion d'actions et d'obligations présentes dans les portefeuilles des fonds « allocation » ne suffit pas à définir le degré de risque. Mieux vaut compter sur d’autres indicateurs.

Valerio Baselli 21.10.2016
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Agressifs, modérés, prudents et flexibles. Parmi les catégories Morningstar dédiées aux fonds d’allocation il y a des segments adaptés à tous les profils de risque des investisseurs. Concrètement, les pourcentages d'actions et d'obligations varient en fonction du niveau de risque que le gérant peut prendre selon le mandat d’investissement.

Morningstar met dans les catégories dédiées aux instruments d’allocation agressive ceux qui ont une exposition aux actions de plus de 65% du portefeuille. Les fonds d’allocation modérée ont une présence d’actions compris entre 35% et 65%. Dans les « prudents » les actions ne dépassent pas la limite de 35%. Les flexibles, en revanche, n'ont pas de contraintes particulières.

En principe, les fonds d’allocation ont un niveau de risque intermédiaire : plus élevé par rapport aux fonds monétaires et à revenu fixe, mais inférieur aux fonds purement actions. Ces fonds sont censés tirer parti des vertus de la diversification : mixer des actifs peu corrélés entre eux réduit le risque global d’un portefeuille pour une espérance de rendement donnée.

Le risque tend à augmenter avec la part de la composante actions, soumise aux fluctuations du marché, surtout si l'horizon du placement est à court terme. Puis, comme toujours, la politique d'investissement, la compétence du gérant et les conditions du marché font la différence.

Ce n’est pas si simple

Mais cette répartition est-elle suffisante pour définir le degré de risque d'un fonds ou une catégorie entière ? Pour en avoir le cœur net il peut être utile d'utiliser d’autres indicateurs. Le beta, qui mesure la sensibilité d'un titre ou d’un fonds aux fluctuations du marché. Il donne une idée du risque systémique, qui est attribuable à des facteurs macro, politiques et, plus généralement, au-delà du contrôle des investisseurs. On parle d’un risque « non diversifiable ».

Par définition, le beta d’un marché est de 1 par définition. Un beta de 1,10 indique qu’un fonds fait 10% de mieux que son indice de référence dans un marché haussier et 10% de moins dans un marché baissier, toutes choses égales par ailleurs. Un beta de 0,85 indique qu’un fonds fait 15% de moins que son indice de référence dans un marché haussier et 15% de mieux dans un marché baissier. 

Fonds All Beta

L'observation du beta à trois ans des différentes catégories Morningstar réservés aux fonds d’allocation nous montre qu’il y a des catégories modérées et prudentes qui affichent un beta supérieur à 1 ; de façon spéculaire, il y a des catégories agressives qui affichent un beta plutôt bas.

Le , ou coefficient de détermination, reflète le pourcentage des mouvements d’un fonds qui peuvent être expliqués par les mouvements de son indice de référence. En utilisant comme indice le MSCI World, on peut se faire une idée de la manière dont les fonds d’allocation ont évolué par rapport au marché actions mondial ces trois dernières années. Etonnamment, certaines catégories modérées et prudentes ont été plus corrélées aux actions que certaines catégories agressives.

Des résultats similaires sont obtenus en analyzant un autre indicateur, l'écart-type. Il s’agit d’une mesure statistique de dispersion de la performance d’un fonds autour de sa moyenne historique, au cours d’une période de temps donnée. On utilise fréquemment le terme volatilité pour faire référence à l’écart-type. 

Fonds All Vol

Attention au risque du crédit

Tout cela concerne principalement la composante actions de ces fonds. Mais la partie à obligataire peut réserver quelques surprises aussi. L'analyse de la note de crédit (« rating ») des catégories Morningstar dédiées aux fonds d’allocation montre que dans les segments théoriquement moins risqués, il y a des actifs relativement risqués, tels les obligations à haut rendement. 

Fonds All Rating Credit

« Même si ceci n’est pas une raison suffisante pour éviter ce type de fonds, les investisseurs doivent être conscients qu'un facteur de ce genre peut augmenter la sensibilité du portefeuille au marché boursier », explique Greg Carlson, analyste senior chez Morningstar.

« Les obligations à haut rendement, en fait, ont tendance à avoir des prix plus bas lorsque les cours des actions chutent. Un portefeuille de ce type, par conséquent, dans le cas d’une baisse du marché pourrait moins protéger que prévu ».

S'il n’est pas surprenant de trouver des obligations « high yield » dans la catégorie Allocation USD Aggressive, on ne peut pas dire la même chose concernant la catégorie Allocation CHF Prudente.

Mais pourquoi les gérants de certains fonds prennent-ils plus de risques que celui attendu par les investisseurs ? « Beaucoup d'obligations de haute qualité ont ou ont eu des rendements très faibles », explique Christine Benz, responsable de la section Finance personnelle chez Morningstar.

« Plusieurs gestionnaires de fonds, par conséquent, sont devenus très agressifs dans la partie consacrée aux obligations et se sont aventurés sur des émissions avec une qualité de crédit faible ou hautement spéculative. Un choix comme celui-ci peut les aider à améliorer le rendement et, dans certaines conditions de marché, a pu être une stratégie gagnante. Le problème, cependant, est que cela peut devenir contre-productif lorsque les marchés boursiers baissent. » Ce facteur pourrait toucher en particulier les investisseurs qui se portent sur les catégories définies comme plus prudentes qui, par définition, contiennent un pourcentage d’obligations plus important.

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A propos de l'auteur

Valerio Baselli

Valerio Baselli  est éditorialiste sénior chez Morningstar.