Immobilier : valorisation tendue, performances décevantes

La forte valorisation du secteur a pesé sur les performances à partir de l'été.

Jocelyn Jovène 20.10.2016
Facebook Twitter LinkedIn

L’immobilier est un actif clef pour de nombreux investisseurs institutionnels qui y voient à la fois une source de diversification du risque et de génération de rendement (en fonction du cycle d’entrée sur le marché), voire aussi de plus-value en capital lorsque l’environnement de taux et le cycle économique sont porteurs.

Le mouvement de repli des taux d’intérêt a, ces dernières années, opéré en faveur de la classe d’actifs, laquelle affiche des performances impressionnantes pour sa partie cotée (graphique), en particulier à l’échelle internationale.

 

FTSE EPRA NAREIT EUR Developed 1998 2015 Annual Return

Source: Morningstar Direct

Après avoir bien joué son rôle d’amortisseur des a-coups boursiers au cours du premier semestre, la performance du secteur en Europe a fortement reculé à partir de la fin juin. L'immobilier coté en Europe perd près de 11% depuis le début de l'année contre une baisse de 5,5% pour l'indice Stoxx Europe 600.

Cette contreperformance a sans doute plusieurs explications. La première est l'anticipation croissante par les investisseurs d'une remontée des taux directeurs aux Etats-Unis et les craintes croissantes d'une correction obligataire, deux éléments défavorables au secteur.

L'autre explication est que fin juin, la valorisation des valeurs immobilières cotées se traitait avec une prime importante sur les multiples historiques.

A l'époque, l’indice Stoxx Europe 600 Real Estate se traite sur un multiple de résultat à 12 mois de 20,5x contre une moyenne historique de 18,3x.  Lorsque l'on regardait un multiple de cash-flows (type EV/EBITDA), le secteur affiche un ratio de 24,3x contre une moyenne historique de 17,9x.

Le repli de l'indice a ramené le multiple de P/E à 12 mois à 19,7x et celui d'EBITDA à 22x. Ces niveaux restent élevés par rapport à la moyenne historique de valorisation.

Le mouvement de correction enclenché cet été pourrait donc bien continuer. L'immobilier, valeur préférée des investisseurs aidée par le mouvement de baisse des taux, est peut-être en train de changer de statut.

 

Facebook Twitter LinkedIn

A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.