L’épargne salariale retrouve de la vigueur

Les versements nets sur les dispositifs d’épargne salariale ont doublé sur un an et atteignent 3 milliards d’euros.

Valerio Baselli 17.10.2016
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Les Français apprécient toujours plus les systèmes d'épargne collectif mis en place par les entreprises. D’après les données de l’Afg (Association française de la gestion financière), les versements nets sur les dispositifs d’épargne salariale ont doublé sur un an et atteignent 3 milliards d’euros au 30 juin 2016.

Les salariés ont davantage épargné leur intéressement et ils ont moins puisé dans leur épargne salariale disponible. Au cours du premier semestre de l’année, le doublement des versements nets est dû à la fois à la hausse des souscriptions et à la baisse des rachats : les versements bruts se sont élevés à 9,8 milliards (+12%), tandis que le montant des rachats s’est élevé sur la période à 6,7 milliards (en baisse de 8%).

Le montant des actifs gérés dans le système d’épargne salariale est de 117 milliards d’euros à fin juin. Il est stable par rapport au 31 décembre 2015 et en légère baisse de 2,5% sur un an, à cause de l’effet marché défavorable.

En général, les chiffres confirment la popularité de l’épargne salariale dont plus de 55% des salariés bénéficient chaque année grâce à leur entreprise. Le nombre de comptes de porteurs d’épargne salariale reste stable à 11 millions.

Epargne Sal

Source : Afg

De quoi s’agit-t-il ?

Très développée dans les grandes entreprises (plus de 80% dans les groupes de plus de 1.000 personnes) mais assez peu dans les PME (autour de 10% dans les sociétés de moins de 50 salariés), l’épargne salariale désigne les systèmes d’épargne mis en place dans le cadre d’une entreprise pour ses salariés. Cela peut prendre principalement quatre différentes formes : participation aux bénéficies (obligatoire pour les entreprises de plus de 50 salariés. Il s'agit de redistribuer aux salariés une partie du bénéfice, selon une formule fixée par la loi), intéressement (accord entre l'entreprise et les salariés, conditionné à un objectif à atteindre pour l'entreprise : chiffre d'affaires, bénéfice, etc), plan d’épargne entreprise (PEE) ou plan d’épargne pour la retraite collective (PERCO).

Un sondage Faider/OpinionWay estime qu’environ 15% des Français possèdent un PEE, l’instrument le plus populaire dans le cadre de l’épargne salariale. C’est assez important, surtout si l’on tient compte du fait que cela ne concerne que le secteur marchand non agricole, et en sachant que seulement 45,5% de ces salariés ont accès à un PEE (selon la Dares, le service statistique du ministère de l’emploi).

La réforme Macron

« Même s’il est encore un peu tôt pour le confirmer, les bons chiffres du premier semestre 2016 résultent en partie des effets de la loi Macron sur l’intéressement, dont la partie épargnée progresse de 30% », souligne l’afg dans un communiqué de presse.

En effet, la loi proposée par l’ancien ministre de l’économie et votée le 6 août 2015 vise une simplification et un élargissement de l’épargne salariale orientée vers un financement plus actif de l’économie. Pour les employeurs, cela concerne la réduction du forfait social, qui était passé de 8% à 20% en 2012, pour être de nouveau réduit à 8% depuis janvier 2016.

La seconde mesure phare c’est de prévoir le versement par défaut de l’intéressement sur un PEE, pour bénéficier automatiquement de son exonération d’impôt sur le revenu. Les salariés qui veulent dépenser tout de suite leur intéressement ont encore l’option de refuser ce versement sur le PEE, mais cet intéressement est alors taxé à l’impôt sur le revenu, et il ne donne pas droit à l’abondement versé par l’employeur quand celui-ci est prévu sur le PEE.

Il y a aussi plusieurs mesures concernant les PERCO aussi. La première concerne l’option par défaut pour la gestion pilotée en placements à long terme des versements sur un PERCO ; cela consiste à dire aux épargnants que leurs versements seront investis d’office sur des placements à long terme, dont le niveau de risque sera progressivement réduit au fur et à mesure qu’ils approcheront de la retraite. Jusqu’ici, les épargnants se montraient assez prudents en choisissant plutôt des placements sans risque sur des fonds monétaires ; malheureusement, avec la baisse des taux de la BCE à zéro, ces fonds ne rapportent plus grand-chose.

Les choix des épargnants

Au 30 juin 2016, les fonds diversifiés (74 milliards d’euros) représentent 63 % des encours contre 37 % pour les fonds d’actionnariat salarié (43 milliards d’euros). Les encours des fonds diversifiés ont légèrement progressé (+3% sur six mois et +2% sur un an) alors que les encours des fonds d’actionnariat ont subi la baisse des marchés actions après une hausse de plusieurs années (- 7% sur le 1er semestre 2016 et - 9% sur un an).

Les fonds ISR (Investissement socialement responsable) représentent 21,7 milliard d’euros, en progression de 2 % sur un an. Un euro sur trois est donc ISR (hors actionnariat salarié). Les placements dans les FCPE solidaires (5,4 milliards d’euros) progressent de 5 % sur un an.

D’après les données Afg, les PERCO aussi poursuivent leur croissance : 13 milliards d’euros d’encours (+10 % sur un an), 2,2 millions d’adhérents (+10 % sur un an) et 212.000 entreprises équipées (+8% sur un an). Le nombre de salariés ayant choisi une gestion pilotée en fonction de leur âge est en nette progression (+50%) grâce aux nouvelles mesures qui en font l’option par défaut. La gestion pilotée ne représente toutefois encore que 25% du total des encours. Cette proportion devrait augmenter progressivement. 

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A propos de l'auteur

Valerio Baselli

Valerio Baselli  est éditorialiste sénior chez Morningstar.