Les actions européennes raisonnablement valorisées

Le rebond des financières a contribué à la poursuite de la hausse estivale, mais les questions de fond persistent.

Jocelyn Jovène 05.09.2016
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Les marchés actions européens ont continué leur progression estivale au cours du mois d’août, aidés par le rebond des valeurs financières et un début de révision en hausse des estimations de résultats. Mais le niveau de valorisation n’offre toujours pas de marge de sûreté suffisante pour justifier une surexposition à la classe d’actifs.

Le ratio entre le cours des entreprises européennes suivies par les analystes de Morningstar et les estimations de juste valeur est de 1,03 actuellement, contre 1,01 fin juillet et 0,98 fin 2015. L’indicateur a connu deux points bas cette année à 0,85 mi-février et 0,89 peu après le « Brexit », avant de reprendre une pente ascendante.

 

European Coverage Median Priceto Fair Value 20160902

Source : Morningstar Direct

Au cours du mois écoulé, l’indice Stoxx Europe 600 a gagné 4,5% (il baisse de 4,2% depuis le début de l’année). L’appréciation des multiples de valorisation contribue au deux tiers de cette hausse, le reste venant de la révision à la hausse des estimations de résultats.

Au niveau sectoriel, le mois a été marqué par un rebond très significatif des valeurs bancaires (+17%), alors que les estimations de résultat pour ce secteur ont continué d’être revues à la baisse (quoi que de façon très modérée par rapport aux mois précédents).

Les autres plus fortes hausses viennent des secteurs de la chimie (+7%), de la construction (+7,5%), de l’automobile (+5,6%), de la distribution (+6,4%) ou des loisirs (+4,8%).

Au niveau des estimations de résultat, les plus fortes révisions en hausse des prévisions des analystes ont eu lieu dans l’immobilier (+6%), les télécommunications (+3%) ou l’énergie (+1,5%).

La saison des publications de résultats du deuxième trimestre a été plus encourageante qu’au cours du premier trimestre, mais pas suffisamment significative pour conduire à une révision d’ampleur des estimations des analystes et contribuer à assoir le rebond des actions sur des fondations plus solides. Encore une fois, c’est le facteur psychologique qui a prédominé.

Celui-ci a été aidé à la fois par les annonces des banques centrales et par la macro-économie. Les derniers indicateurs avancés pointent vers une croissance toujours molle, sans dégradation notable (cf graphique).

Source : Markit

Le marché de l’emploi se reprend trimestre après trimestre en Europe. Seule l’inflation est toujours sous pression (les économistes anticipent 0,3% bien loin des 2% visés par la BCE).

Le « Brexit », après avoir provoqué un regain de volatilité sur les marchés, a été bien « digéré » par les investisseurs – mais cela est sans doute lié au fait que le Royaume-Uni n’a pas engagé formellement le processus de sortie de l’Union européenne et que les investisseurs n’ont pas de meilleure idée de son impact sur la croissance du pays et de la zone dans son ensemble.

Le relatif calme des marchés post-Brexit s’explique aussi par la vigilance des banques centrales : la Banque d’Angleterre a pris les devants en baissant de nouveau son taux directeur.

Néanmoins, en dépit de cet environnement plus porteur pour les actions, des questions de fond subsistent : les banques centrales ont adopté des politiques accommodantes plus longtemps qu’initialement prévu et ont parfois pris des mesures parfois inédites (taux négatifs, expansion du spectre de risque pris sur leur bilan), ce qui a soulevé la question de leur crédibilité car les effets sur l’économie réelle sont difficiles à mesurer.

La faiblesse de la croissance économique reflète un manque d’investissement de la part des entreprises et l’absence de soutien des politiques budgétaires. Sur ce point, les banquiers centraux et le Fonds monétaire international n’hésitent plus à appeler à davantage d’action de la part des gouvernements, alors que jusqu’ici, leur préoccupation première portait plus sur la mise en œuvre de réformes structures (plus ou moins bien mises en œuvre selon les pays).

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.