Les taux négatifs au Japon compliquent la vie des gérants obligataires

Cela est dû au poids élevé du Japon dans les indices obligataires mondiaux.

Karin Anderson 31.08.2016
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Gérer des fonds obligataires à l’échelle internationale est devenu une tâche de plus en plus difficile. C’est une situation paradoxale : le vivier d’émission est vaste, mais la part des obligations d’Etat offrant un rendement négatif atteint aujourd’hui des proportions qui compliquent la vie des gérants.

Cela s’explique notamment par le poids du Japon, pays qui a été l’un des premiers à instaurer une politique de taux négatifs, dans les indices. Or les obligations gouvernementales japonaises (JGB) représentent la vaste majorité des 13.000 milliards de dollars d’obligations souveraines ayant un rendement inférieur à zéro. Leur montant représente plus de 4 fois le montant des obligations allemandes ou françaises, qui font partie des plus gros émetteurs après le Japon.

Compte tenu du poids de l’archipel dans les indices obligataires (20% à 35% selon les indices), leur rendement n’a cessé de diminuer depuis que les émissions à 2 ans sont entrées en territoire négatif en décembre 2014, suivies cette année par les émissions à 10 et 20 ans.

En Europe, la part des dettes souveraines offrant un rendement négatif augmente de manière significative : les émissions allemandes à 2, 5 et 10 ans, tout comme la dette souveraine suisse sur l’ensemble du spectre.

Détenir des obligations japonaises semble un mal nécessaire pour certains investisseurs, en particulier pour ceux qui doivent proposer un couple risque/rendement en ligne avec leur indice de référence. Mais leur détention peut aussi offrir quelques avantages.

Certains investisseurs les utilisent pour contrebalancer le risque de crédit de leur portefeuille, le yen servant de valeur refuge lorsque les marchés deviennent volatils. Ainsi, en 2008, la devise nipponne s’était-elle appréciée de 23% par rapport au dollar, tout comme au cours du troisième trimestre 2011 et en 2015, au moment où les devises émergentes chutaient.

Une obligation japonaise générant un rendement négatif pour l’investisseur peut toutefois lui faire gagner de l’argent en faisant rouler sa position plus bas sur la courbe des taux lorsqu’une émission arrive à maturité, ce qui permet de faire baisser le rendement obligataire si la courbe conserve sa forme actuelle.

Les investisseurs en JGBs peuvent également gagner de l’argent si les taux d’intérêt continuent de baisser. Mais il y a un risque que si les taux chutent trop bas, le rendement négatif annihile tout gain en capital potentiel.

Sur les 77 fonds de la catégorie Obligations monde disponibles à la vente en France, l’exposition moyenne aux émissions souveraines japonaises est actuellement de 10,57% selon les données de Morningstar. Les émissions françaises et allemandes représentent en moyenne 5,50% et 3,23% respectivement. L’exposition moyenne aux bons du Trésor était de 27,96%.

 

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A propos de l'auteur

Karin Anderson  est responsable de la recherche fonds sur les stratégies obligataires en Amérique du Nord chez Morningstar.