ESG : l’Europe première de la classe

Les investisseurs institutionnels du Vieux Continent sont les plus impliqués en matière d’investissement socialement responsable.

San Lie 20.04.2016
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L'Europe bat Amérique du Nord. Au moins en ce qui concerne les investissements de type ESG. Selon 2014 Global Sustainable Report, environ 59% des actifs investis en Europe sont le résultat de décisions socialement responsables contre 31% au Canada et 18% aux États-Unis.

L'une des raisons pour lesquelles l’Europe est en avance est que les investisseurs institutionnels européens intègrent le développement durable dans le cadre de leur mandat. Un exemple est la caisse de retraite pour les employés publics néerlandais ABP qui, avec ses 350 milliards d'euros d'actifs sous gestion, est l'un des plus importants dans le monde et est considéré comme l'un de ceux qui, historiquement, a toujours pris en compte les critères ESG.

En octobre dernier, le fonds a annoncé un changement radical dans sa politique d'investissement. A la demande de ses investisseurs, ABP ira à la recherche d’activités socialement responsables dans lesquelles investir. D’ici 2020, le fonds a pour ambition de doubler sa présence dans les activités « durables » pour porter les actifs sous gestion entre 20 et 58 milliards d'euros.

Des banques privées et autres gestionnaires de fortune sont eux aussi confrontés à la nécessité de devenir « plus durables ». Aux Pays-Bas, Rabobank par exemple a décidé de limiter sa gamme de fonds de tiers à ceux qui ont signé les Principes pour l'investissement responsable établi par l'Organisation des Nations Unies et qui ont une politique claire sur les armes non conventionnelles.

L'Europe n’est toutefois pas un marché homogène. Certaines différences notables dans les pratiques ESG sont évidentes entre les pays. Selon Eurosif (organisation transnationale pour les investissements socialement responsables et durables), la France est le pays où la plupart sont pleinement appliquées les stratégies ESG.

On peut citer le cas de l’ERAFP qui intègre une dimension ISR dans la sélection de mandats de gestion pour le compte de ses cotisants. D’autres institutionnels, comme AG2R La Monde, Humanis, Malakoff Médéric ou Préfon, se sont regroupés dans le Forum pour l’Investissement Responsable pour promouvoir la démarche ISR.

Au Royaume-Uni la stratégie la plus appliquée est appelé l'engagement actionnarial. Aux Pays-Bas la démarche privilégiée est celle de l'exclusion. La dernière tendance dans de nombreux Etats est que le développement de « l’impact investing » ou « investissement d’impact », qui vise à valoriser par l’investissement une dimension ESG tout en étant rentable – la finance solidaire en fait par exemple partie.

Le rôle de la politique

Dans ce processus, les gouvernements du Vieux Continent jouent un rôle important. En France, l'Etat crée une sorte de certification pour les fonds qui adhèrent aux principes ESG. Aux Pays-Bas, le gouvernement a publié le Code de gouvernance des régimes de retraite qui donne les lignes directrices pour les fonds de pension sur des questions telles que la transparence, la politique budgétaire et la bonne gouvernance d'entreprise. Le code exige également des fonds de pension qu’ils définissent une stratégie pour l'investissement responsable et qu’ils la rendent accessible à leurs membres.

Là où États-Unis et Europe pèchent le plus cependant est l’existence de fonds dédiés pour les investisseurs particuliers. Cela peut s’expliquer par un manque de définitions claires ou l'idée que l'investissement selon les principes ESG pourrait conduire à des performances moindres.

Cette perception devrait évoluer avec le temps. Les études académiques et l'industrie financière ont montré que l'investissement durable fait souvent mieux que le traditionnel, et il y a plus de preuves que l'intégration des facteurs ESG dans une stratégie a un effet positif sur la performance d’un portefeuille.

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A propos de l'auteur

San Lie  Head Of Research, Morningstar Benelux