Les coûts réels des ETF à « bêta stratégique »

Morningstar a comparé la nouvelle génération d’ETF avec les trackers traditionnels. Les premiers sont en moyenne plus chers, surtout dans les catégories où les émetteurs ont baissé leurs frais au cours des dernières années.

Sara Silano 01.03.2016
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ETF ne rime pas toujours avec faibles commissions. Selon une étude intitulée Assessing the true cost of Strategic beta ETFs, menée par l'équipe de recherche de Morningstar sur les produits passifs, la nouvelle génération des fonds passif cotés est en moyenne plus chère de ses « cousins » qui reproduisent des benchmarks de manière plus « traditionnelle ».

L'étude analyse les commissions, les coûts de réplication et de négociation pour 100 ETF dits « béta stratégique » (qui représentent 52% de l'univers couvert par Morningstar) et 77 ETF traditionnels domiciliés en Europe et liées aux indices les plus populaires. Les premiers, connus sous le nom de « smart beta », sont un type d'instruments passifs qui cherchent à optimiser la performance ou à réduire la volatilité (risque) d’un indice quand les ETFs traditionnels répliquent les indices à partir du seul critère de capitalisation boursière. Au cours des dernières années, ces ETFs « avancés » ont connu une croissance explosive, en particulier en Europe, où ils ont pratiquement doublé les actifs sous gestion au cours des deux dernières années, passant de 15 à 29 milliards. Morningstar en recense 950 dans le monde, pour un total de 478 milliards de dollars d’encours sous gestion à fin 2015 (contre 397 milliards à fin 2014).

L'analyse révèle que leurs coûts peuvent être trois fois plus élevés par rapport aux ETF traditionnels, avec de grandes différences dans les segments où ces derniers ont baissé considérablement les charges au cours des dernières années. La catégorie plu chère en termes relatifs est celle des actions américaines de grandes capitalisations (basé sur l’indice S&P 500 et le panier d'indices « intelligents » qui lui sont liés) : les frais moyens des produits de nouvelle génération sont 0,43% contre 0,14% pour les produits standards. En revanche, les frais moyens des fonds à béta stratégique spécialisés dans les marchés émergents sont légèrement plus élevés que ceux des instruments plus basiques (0,60% contre 0,53%).

La seule donnée de la moyenne cache cependant une grande variété de prix. Il y a en effet une plus grande dispersion que dans l’univers des ETF pondérés par la capitalisation boursière. En outre, si l’on considère le facteur temps, on note que les coûts ont baissé au cours des cinq dernières années, de 0,53% à 0,43%.

Les analystes de Morningstar estiment que la tendance se poursuivra avec l'augmentation de la concurrence et une plus grande maturité du marché. Cependant, il y a toujours la possibilité que les émetteurs (des ETF et d’indices) continuent de justifier des frais plus élevés avec l’augmentation de la complexité des techniques de réplication des paniers de valeurs.

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Coûts de réplication et de négociation

En plus de commissions, d'autres coûts des ETF à bêta stratégique sont en moyenne plus élevés que ceux des fonds passifs traditionnels. En particulier, le plus grand « turnover » qui caractérise les indices intelligents, entraîne des coûts plus élevés de réplication, sous la forme de coûts de transaction pour les produits physiques et de « swap » pour les synthétiques. L'impact est plus important sur les marchés moins liquides ou qui prévoient des taxes sur les transactions (comme les États-Unis).

Enfin, ces instruments ont aussi tendance à afficher des coûts de transaction plus élevés, car ils sont généralement nouveaux et achetés par des investisseurs qui les gardent (et non par des spéculateurs), donc les volumes sont plus faibles et le « bid-ask spread » est plus large (la différence entre le prix d'achat et de vente).

Mode d’emploi

Quelles règles doivent donc suivre les investisseurs intéressés par les ETF de nouvelle génération ? Tout d'abord, il faut se rappeler que les commissions sont l'un des meilleurs facteurs pour prévoir la performance future d'un fonds (plus elles sont faibles, plus la probabilité de succès est importante). Deuxièmement, les coûts de construction et le maintien d'indices à bêta stratégique ne diffèrent pas beaucoup de ceux des indices de référence traditionnels. Troisièmement, puisque il s’agit d’instruments avec un composant actif, il est préférable d'avoir une forte conviction sur la stratégie sous-jacente (et donc il faut la comprendre) et sur la soutenabilité des coûts plus élevés sur le long terme. 

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A propos de l'auteur

Sara Silano

Sara Silano  est rédactrice en chef de Morningstar Italie.