Ces fonds qui ferment leurs portes aux investisseurs

Fermer un fonds aux nouvelles souscriptions peut être un bon moyen de préserver sa compétitivité à long terme.

Mara Dobrescu 27.01.2016
Facebook Twitter LinkedIn

Alors que certaines sociétés de gestion placent la croissance des actifs au cœur de leur stratégie de développement, celle-ci n’est pas toujours dans l’intérêt des investisseurs de long terme dans les fonds. En effet, certains fonds devenus trop gros présentent des risques non négligeables pour les porteurs de parts.

La taille peut être un obstacle à la surperformance…

Des actifs sous gestion trop importants peuvent en effet limiter la capacité d’un gérant à exploiter efficacement son univers d’investissement. Les fonds investis sur les petites et moyennes capitalisations, par exemple, sont contraints au-delà d’une certaine taille de réduire la part des titres moins liquides au profit de plus grandes capitalisations. Ils se privent ainsi d’un moteur de performance important qui avait contribué à leur succès passé.

Les gérants peuvent également être amenés à accroître le nombre de lignes en portefeuille pour maintenir un niveau de liquidité adéquat. Si les ressources de l’équipe n’augmentent pas en parallèle, la charge de travail des gérants risque de devenir excessive. Mais, surtout, il faudra dénicher un plus grand nombre de « bonnes idées » d’investissement pour rester dans la course par rapport aux fonds concurrents.

… Tandis que les économies d’échelle sont rarement partagées avec les investisseurs. 

En principe, la croissance des actifs pourrait avoir des retombées positives pour les investisseurs en répartissant les coûts de gestion des fonds sur une base plus large. Mais, en pratique, ces économies d’échelles profitent essentiellement à la société de gestion et ne sont que rarement partagées avec les investisseurs via une baisse des frais. Dans ce contexte, une hausse incontrôlée des actifs a plus d’inconvénients pour les investisseurs qu’elle n’offre d’avantages.

Nous pensons donc que les investisseurs ont tout intérêt à confier leur argent aux sociétés de gestion qui s’engagent à les protéger en limitant la taille des fonds et en préservant ainsi l’intégrité de la stratégie d’investissement. Pour ce faire, elles peuvent décider de ne plus accepter les souscriptions au-delà d’un certain montant pendant une période prédéfinie (« soft close ») voire, si cette mesure s’avérait insuffisante, refuser toutes les nouvelles souscriptions (« hard close »). 

Ces fonds fermés qui font partie des convictions des analystes Morningstar

Parmi les fonds suivis par les analystes Morningstar, plusieurs se distinguent par leur gestion prudente des problématiques de capacité. C’est notamment le cas de plusieurs fonds de la société First State. Son fonds d’actions des pays émergents (aujourd’hui commercialisé sous la marque Stewart Investors) est fermé aux nouveaux investisseurs depuis plus de dix ans.

Ceci permet aux gérants de continuer à appliquer leur stratégie avec cohérence et conviction. Le fonds Stewart Investors Global Emerging Markets est noté « Silver » par les analystes Morningstar.

La société néerlandaise Kempen affiche elle aussi des bonnes pratiques en la matière. Elle a communiqué de longue date aux investisseurs une limite de capacité de 3 milliards d’euros pour ses fonds d’actions internationales axés sur le dividende. Lorsque le fonds Kempen (Lux) Global High Dividend, noté « Silver » par les Analystes Morningstar, et sa variante domiciliée aux Pays-Bas ont atteint cette limite en février 2014, les véhicules ont été fermés.

D’autre part, la société a annoncé récemment qu’elle n’accepterait plus les souscriptions d’investisseurs institutionnels sur son fonds Kempen (Lux) Euro Crédit (noté « Gold » par les Analystes Morningstar) et qu’elle serait prête à fermer totalement cette stratégie si elle atteignait 5 milliards d’Euros.

Enfin, le fonds Moneta Micro Entreprises, noté « Gold » par les Analystes Morningstar, est lui aussi fermé aux nouveaux investisseurs depuis 2009. A fin 2015, le fonds pesait 277 millions d’EUR et la société a annoncé qu’elle ne recommencerait à accepter les souscriptions que si sa taille venait à redescendre en-dessous de 200 millions d’euros, un seuil raisonnable selon nous.

Voici ci-après la liste des fonds bénéficiant d’une note positive des Analystes Morningstar, disponibles à la vente en France et fermés aux nouvelles souscriptions.

Fondsfermes 1

 

 

Facebook Twitter LinkedIn

A propos de l'auteur

Mara Dobrescu

Mara Dobrescu  est analyste Fonds chez Morningstar France