Grèce : un risque limité pour les investisseurs français

Les fonds accessibles aux investisseurs français sont globalement très peu exposés au marché grec. Il n’y a donc pas de raison de paniquer.

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La Grèce occupe de nouveau le devant de la scène ces dernières semaines avec la possibilité accrue d’une sortie de la zone euro. Ce « Grexit » constituerait une entrée en territoire inconnu pour les investisseurs et explique le fort regain de tensions sur les marchés européens ces derniers jours.

La Grèce avait déjà été au cœur de la crise de la dette en zone euro en 2011. Depuis, les gérants ont très largement réduit leur exposition à ce petit marché. Les valeurs de la bourse d’Athènes ne font d’ailleurs plus partie des indices MSCI sur les pays développés, dont  l’indice MSCI Europe, depuis novembre 2013. La Grèce fait en effet partie de l’indice MSCI Emerging Markets, mais dans lequel son poids est marginal.

Sur le marché obligataire, une large partie de la dette grecque est détenue par les institutions publiques et ne s’échange plus sur le marché.

Dans ces circonstances, qui reste aujourd’hui exposé au marché grec parmi les gérants d’actifs?

L’analyse des portefeuilles collectés par Morningstar met en évidence que les gérants se montrent très prudents à l’égard de la Grèce. Hormis les fonds spécialisés sur le marché grec, nous avons en effet relevé une très faible proportion de fonds exposés aux actions ou aux obligations grecques parmi ceux qui sont enregistrés à la vente en France.

Pour ce qui est des fonds d’actions, nous avons exclu tous les fonds de la catégorie Morningstar Actions Grèce et ceux domiciliés en Grèce, par définition exposés significativement au marché hellénique, et retenu uniquement les fonds ayant communiqué au moins une fois la composition de leur portefeuille à Morningstar depuis le début de l’année 2015.

Nous n’avons identifié qu’une poignée de fonds qui affichent une exposition aux actions grecques et la moitié d’entre eux appartient à la catégorie Morningstar Actions Europe Emergente. Parmi ces 6 fonds (liste ci-dessous), le fonds Generali IS European Recovery affiche l’exposition la plus élevée, avec 14,3% de ses actifs investis sur le marché actions grec à fin mai 2015. Cette exposition importante s’explique notamment par sa stratégie d’investissement, clairement orientée vers les pays d’Europe du Sud.

Source: Morningstar.

Par ailleurs, rares sont les gérants encore investis sur la dette grecque. D’après nos données, aucun des fonds enregistrés à la vente en France et communiquant régulièrement la composition de leur portefeuille à Morningstar ne sont investis en obligations grecques. Seule la société H20, filiale de Natixis Global Asset Management, possède à notre connaissance une exposition très importante à la dette grecque dans plusieurs de ses fonds d’après les informations agrégées qu’elle nous a transmises (cf tableau ci-dessous).

Source: Morningstar.

 

La faible exposition des fonds au marché grec montre qu’il n’y a pas de raisons de céder à la panique. En revanche, on ne peut exclure une pression accrue sur les obligations émises par les pays périphériques de la zone euro.

Cet épisode de crise rappelle en outre l’importance de la transparence. Notre dernière étude mondiale sur le traitement réservé aux investisseurs l’a mis en évidence. Les sociétés de gestion en France manquent de transparence sur la communication des inventaires de portefeuille au public. C’est pourtant un enjeu crucial car cela permet aux investisseurs de vérifier à intervalle régulier les positions détenues par les gérants et de s’assurer que les fonds correspondent toujours à leurs attentes.

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A propos de l'auteur

Mathieu Caquineau, CFA

Mathieu Caquineau, CFA  Analyste fonds senior, Morningstar France