Donner un nouvel élan à l’industrie de la gestion

La nouvelle initiative de l’Investment Association réussira-t-elle à tirer les fonds à gestion active de l’ornière ?

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Le 28 avril, l’Investment Association (IA) a publié une déclaration qu’elle a demandé à ses membres de signer. Il s’agit d’une excellente initiative, qui s’inscrit dans la droite ligne des principes adoptés par Morningstar il y a plus de dix ans.

Ces engagements ont un objectif commun : donner la priorité aux investisseurs et assurer l’adéquation entre intérêts des gérants d’actifs et ceux de leurs clients.

Pour moi, il s’agit d’une question de bon sens, car quelles sont les perspectives d’un gérant qui ferait passer ses intérêts avant ceux des investisseurs ou dont les fonds ne donneraient pas satisfaction, quand bien même les performances sont au rendez-vous à court terme ?

Les études menées par Morningstar sur les dynamiques du marché américain montrent que les flux sont beaucoup plus corrélés aux rendements pondérés des capitaux (qui reflètent le ressenti des investisseurs vis-à-vis d’un fonds) qu’aux rendements totaux (0,49 contre 0,20). En d’autres termes, même si les performances d’un fonds sont honorables en termes absolus, les flux ont tendance, à terme, à s’orienter vers les sociétés de gestion qui accordent plus d’importance à leurs investisseurs. Et cela n’a rien de passager : les données portent sur une période allant d’août 2001 à août 2011.

En outre, les données Morningstar indiquent qu’aux États-Unis comme en Europe, les capitaux s’orientent de plus en plus vers les fonds à gestion passive. Sur le Vieux Continent, par exemple, même si l’offre active l’emporte encore en termes d’encours sous gestion, la situation évolue. Sur les douze derniers mois, le taux de croissance organique des fonds à gestion passive est ressorti à 16,43 % en Europe, contre 7,4 % pour l’offre active.

Dans le détail, les fonds en actions à gestion passive ont progressé de 12,63 % tandis que leurs homologues à gestion active ont accusé des sorties de capitaux et se sont inscrits en repli de 0,24 %. Les fonds obligataires passifs ont crû de 32 %, contre tout juste 8 % pour leurs équivalents actifs.

La raison de ce changement semble évidente : les performances des fonds à gestion active sont rarement à la hauteur de leur coût. En étudiant l’offre de fonds domiciliés au Royaume-Uni, nous nous sommes aperçus qu’un peu plus de la moitié des fonds en actions à gestion active sous-performaient l’indice de référence de leur catégorie Morningstar à un, trois, cinq et dix ans.

La situation n’a rien de catastrophique (notons que les fonds actifs sont plus performants sur les actions britanniques que sur les valeurs internationales ou américaines), mais elle est synonyme de mauvaise expérience pour bon nombre d’investisseurs. Les fonds obligataires affichent, eux, des résultats beaucoup plus décevants et sous-performent très nettement leurs indices de référence Morningstar à un an (77 %), trois ans (57 %), cinq ans (62 %) et dix ans (65 %).

Dans un monde post-RDR, les fonds capables de surperformer et d’offrir de la valeur (les deux étant liés) bénéficient d’un intérêt grandissant. Nous le constatons aujourd’hui en Europe comme nous l’avions observé hier aux États-Unis. Selon nous, les acteurs qui veulent s’inscrire dans la durée ont tout intérêt à privilégier la qualité de la gestion du capital plutôt que de chercher à faire croître leurs actifs à court terme grâce au lancement de nouveaux produits et au marketing. Quoi de mieux pour y arriver que signer et respecter la déclaration de principes de l’IA ?

 

La version originale de cet article a été publiée dans le magazine Investment Adviser

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A propos de l'auteur

Christopher J. Traulsen, CFA  Christopher J. Traulsen, CFA, is a senior analyst with Morningstar.com. He would like to hear from you, but cannot give financial advice.