Ce que Warren Buffett pense de l’or

En tant que classe d’actifs, l’or a peu de mérites aux yeux de l’oracle d’Omaha.

Jocelyn Jovène 26.06.2015
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Difficile de convaincre Warren Buffett que l’or a sa place dans une allocation. Pourtant, de nombreux investisseurs, notamment des hedge funds, ont une exposition à l’or en raison de leur crainte d’une envolée de l’inflation produite par l’expansion du bilan des banques centrales.

Dans sa lettre aux actionnaires de 2011, le président directeur général de Berkshire Hathaway, reconnu comme l’un des plus remarquables investisseurs au monde, évoque la question de l’or, pour expliquer en quoi cette classe d’actifs ne trouve guère grâce à ses yeux.

L’or fait partie de cette catégorie d’actif « qui ne produiront jamais rien, mais sont achetés dans l’espoir que quelqu’un d’autre que l’acheteur sera prêt à payer plus cher dans un futur proche. » Buffett évoque les tulipes, au dix-septième siècle, qui avaient été l’objet d’une spéculation folle.

« L’or est actuellement un grand favori des investisseurs qui ont peur que tous les autres actifs, en particulier la monnaie papier », écrit-il. Mais, pour Buffett, l’or a deux inconvénients majeurs : « il est vrai que l’or a une utilité industrielle ou décorative, mais la demande pour de telles fins est limitée et incapable d’entraîner un accroissement de la production. En outre, si vous détenez une once d’or pour l’éternité, à la fin vous aurez toujours une once d’or. »

« Ce qui motivent les acheteurs d’or est leur croyance que le nombre de personnes qui ont peur va croître. Au cours de la dernière décennie, cette croyance a été validée par les faits. Au-delà, la hausse des prix a généré son propre enthousiasme chez les acheteurs, attirés par ce qu’ils considéraient comme la validation de leur thèse », ajoute Buffett.

Mais d’autres phénomènes similaires ont affecté le cours d’autres actifs (actions technologiques, immobilier), toujours dans la même logique spéculative (acheter dans l’espoir que les prix monteront).

Pour donner corps à son argument, Buffett prend l’exemple de deux « cubes », l’un (cube « A ») représentant le stock mondial d’or (170.000 tonnes) à sa valeur faciale de l’époque (1.750 dollars l’on soit 9,6 billions de dollars), et un cube « B », qui pour le même montant regroupe des terres agricoles, des actions Exxon Mobil.

« Dans un siècle, nos terres agricoles auront produit d’impressionnantes quantités de maïs, blé, coton et d’autres récoltes – et continueront à le faire de manière conséquente. Exxon Mobil continuera sans doute à verser de conséquents dividendes et détiendra des actifs valant des billions de dollars. En face, notre stock de 170.000 tonnes sera inchangé en taille et incapable de produire quoi que ce soit », conclut Buffett.

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.