Aéronautique : bientôt l’atterrissage

Alors que le salon du Bourget ouvre ses portes au public ce vendredi et tout le week-end, le secteur aéronautique affiche une valorisation tendue en Bourse, sur fond de prudence quant aux perspectives de croissance.

Jocelyn Jovène 19.06.2015
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Crédit photo : Verrier - Sunlight Image, source : GIFAS

Le Salon du Bourget n’a guère profité au secteur aéronautique au plan boursier. La plupart des titres cotés en Europe ont, à l’exception de Safran (+0,7%), perdu du terrain sur fond de craintes grandissantes sur les marchés quant au sort de la Grèce.

Pourtant, depuis le début de l’année, plusieurs titres ont affiché des performances boursières remarquables, aidées par les perspectives de reprise en zone euro, la baisse de la monnaie unique face au dollar, et des estimations de résultat légèrement revues à la hausse.

Le secteur du transport aérien semble bien se tenir à l’échelle globale. Selon les données recueillies par Goldman Sachs, le revenu par passager au kilomètre progresserait de 6,3% cette année après +5,9% en 2014 et +5,2% en 2013. Les compagnies aériennes devraient voir leur rentabilité progresser selon les données de Goldman Sachs, avec une marge brute d’exploitation de 16,8% en 2015 contre 12,9% en 2014.

Pourtant l’humeur des investisseurs semble plus morose. « La combinaison d’un salon du Bourget (« Paris Air Show ») décevant en raison du manque de commandes civiles, de commentaires mitigés dans le secteur de la maintenance et du peu d’enthousiasme dans le domaine de la défense ont pesé sur les cours de Bourse des sociétés », notent les analystes de Morgan Stanley dans une note datée du 19 juin.

L’autre bémol sur le secteur concerne sa valorisation, qui atteint aujourd’hui des niveaux élevés d’un point de vue historique (graphique).

Source: Factset, Morningstar.

Cette valorisation s’explique par de meilleurs fondamentaux, et un regain d’intérêt des investisseurs internationaux pour les actions européennes.

Toutefois, le dossier grec et le regain de nervosité des marchés montrent que le secteur manque peut-être de qualités défensives (visibilité sur les flux de trésorerie à venir, capacité à verser un dividende pérenne, solidité du bilan).

Le manque d’enthousiasme s’explique aussi par un nombre de commandes bien moindre au Bourget qu’au Salon de Farnborough l’an dernier (124 commandes fermes pour Airbus cette année contre 358 l’an dernier).

Or un affaiblissement des perspectives de croissance pourrait conduire certains investisseurs à considérer que le niveau de valorisation des entreprises aéronautiques est sans doute devenu excessif. La dernière fois que cela s’était produit, c’était en 2006-2007, peu avant le retournement du cycle économique et l’éclatement de la crise financière.

 

 

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Valeurs citées dans l'article

NomValeurVariation (%)Notation Morningstar
Airbus SE160,56 EUR-1,02Rating
Boeing Co164,33 USD-2,87Rating
Leonardo SpA Az nom Post raggruppamento21,62 EUR-1,64Rating
Safran SA208,05 EUR-1,02Rating

A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.