La tragédie grecque est moins effrayante

Philippe Uzan chez Edmond de Rothschild pense qu'il y aura un accord entre Athènes et l’Union européenne, en dépit d’importants défis structurels. Le scénario du pire le préoccupe moins que par le passé. 

Valerio Baselli 19.06.2015
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La Grèce semble inspirer moins de crainte à certains investisseurs. «Il est impossible d'avoir une idée précise de ce qui va arriver, mais nous croyons que le scénario le plus probable est que lundi prochain le gouvernement grec et l’Eurosystème trouveront un accord, bien que, pour des raisons évidentes, ce sera à court terme. On est encore loin de trouver une solution à long terme », a expliqué Philippe Uzan, directeur des gestions chez Edmond de Rothschild Asset Management (EdRAM), au cours d’une conférence de presse qui s’est déroulée vendredi à Paris.

« Nous croyons aussi que cela va pousser les marchés européens à la hausse dans les prochaines semaines. La situation a largement évolué depuis 2010 et le non-respect des échéances dues au Fonds Monétaire International le 30 juin et à la BCE le 20 juillet n’aurait ni par son montant ni par sa nature de risque systémique en tant que tel », a-t-il continué. « Toutefois, un effondrement du système financier grec ou la rupture de l’accès au financement de la BCE pour les banques helléniques pourrait provoquer la sortie du pays de la zone euro ».

Même un tel scénario, cependant, ne semble l’alerter outre mesure. « En termes économiques, ce ne serait pas une catastrophe pour l'Europe ; la réaction aux plans psychologique et politique devra néanmoins être surveillée », a ajouté le responsable.

D’après un récent sondage mené par Bank of America Merrill Lynch, 45% des investisseurs européens anticipent un défaut de la Grèce et 12% prévoient même sa sortie de la zone euro. « Les marchés se préparent sérieusement à cette éventualité », on lit dans une note de la banque.

« Notre hypothèse est que la majeure partie du risque a été déplacé hors des bilans bancaires sur ceux des gouvernements de la zone euro et la BCE. En conséquence, nous croyons que les effets de contagion d'une Grexit sont susceptibles d'être limités. Nous pensons que la BCE interviendra de manière massive sur les marchés pour éviter toute détérioration des spreads périphériques et maintiendrait le stimulus du programme d’achat d’actifs » ajoutent les stratégistes de la banque américaine.

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A propos de l'auteur

Valerio Baselli

Valerio Baselli  est éditorialiste sénior chez Morningstar.