Rebalancer sans excès

Les coûts de transaction, l’horizon de temps et votre personnalité jouent un rôle.

Christine Benz 21.05.2015
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Cet article a été initialement publié sur www.morningstar.com en novembre 2013. Il a été édité et adapté pour la présente version.

De nombreux travaux de recherche montrent que le rebalancement de portefeuille vers l’allocation cible est l’un des moyens les plus simples pour réduire le risque de vos investissements sans trop affecter le rendement total potentiel.

Mais combien de fois devez-vous rebalancer ? La réponse est moins claire. Certains investisseurs, comme David Swensen, ancien responsable des investissements de l’université de Yale, rebalançait son allocation de façon quotidienne. Cela peut se justifier pour un investisseur institutionnel de cette taille, qui ne paie pas de taxes sur ses gains et ne supporte que des coûts de transaction minimes.

Mais adopter une telle stratégie quand on est un investisseur individuel est une autre paire de manches, car les seuls coûts de transaction peuvent réduire à néant vos espoirs de rendement. Cela prend également du temps.

Pour cette raison, j’ai souvent conseillé aux investisseurs d’adopter une attitude plus distante. Si vous faites un point trop fréquent sur votre allocation, vous aurez la tentation de faire des ajustements ponctuels, voire de vous exposer à des risques inutiles à court terme (acheter un ETF sur le pétrole par exemple).

Une approche plus utile est de partir du général pour aller au particulier (« top-down » en anglais), en partant d’une comparaison entre votre allocation d’actifs aujourd’hui et votre allocation cible, une ou deux fois par an, et de ne procéder à des ajustements que lorsque vos positions ont bougé de 5% ou 10% par rapport votre cible, pour peu que le niveau de valorisation des classes d’actifs le justifie.

Une étude publiée par Vanguard http://www.vanguard.com/pdf/icrpr.pdf apporter un complément d’analyse utile. Après avoir évalué différents scénarios de rebalancement d’une allocation type 60% actions/40% obligations entre 1926 et 2009 – avec rebalancement mensuel, trimestriel ou annuel lorsque l’allocation atteint certains seuils – les auteurs de l’étude – Colleen Jaconetti, Francis Ninniry et Yan Zilbering concluent qu’une approche hybride est celle qui produit les résultats les plus solides pour les investisseurs.

Leur analyse montre qu’un suivi annuel et semi-annuel, avec un rebalancement chaque fois qu’une classe d’actifs varie d’au moins 5% par rapport au poids cible, permet d’ajuster dans de bonnes conditions votre allocation tout en réduisant le niveau de risque du portefeuille et en maîtrisant les coûts de transaction.

La bonne fréquence pour rebalancer dépend également de considérations d’ordre personnel, fiscal.

Rebalancer signifie que vous allez vendre les positions gagnantes, ce qui signifie des gains potentiellement taxables.

Cela signifie également des coûts de transaction (commissions de courtage). Selon la taille de vos positions, vous aurez tendance à rebalancer moins fréquemment si vos lignes sont de taille réduite.

Il ne faut non plus négliger le fait que tout ceci prend du temps et qu’il est plus facile de s’adonner à cet exercice quand on est retraité que lorsque l’on est actif.

Enfin, le dernier paramètre est votre tolérance au risque. Le principal intérêt du rebalancement réside dans la réduction du risque de votre allocation. L’horizon de temps compte également. Si vous investissez pour un horizon de temps relativement court, vous aurez tendance à rebalancer plus fréquemment que si votre horizon de temps est de plusieurs années, voire quelques décennies.

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A propos de l'auteur

Christine Benz

Christine Benz  responsable des questions de finance personnelle de Morningstar.