Allianz GI mal à l'aise avec l'envolée des actions européennes

L'envolée de la classe d'actifs peut se poursuivre, selon Catherine Garrigues, mais des facteurs de risque significatifs doivent être surveillés.

Jocelyn Jovène 31.03.2015
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Les investisseurs qui se ruent sur les actions européennes depuis l'automne dernier le font-ils pour les bonnes raisons ? Sans doute pas à entendre Catherine Garrigues, patronne de la gestion actions européennes chez Allianz Global Investors (AGI).

Le "moteur" principal de l'arrivée massive de flux sur la catégorie est l'annonce du "Quantitative Easing" de la BCE, a-t-elle expliqué lundi 30 mars au cours d'une conférence à Paris.

Certes, les indicateurs macro-économiques donnent des signes de stabilisation et la baisse conjuguée de l'euro et des matières premières devrait aider les résultats des entreprises.

Du coup, "on peut justifier la valorisation actuelle des actions", conclut la gérante, même si ces dernières se traitent 16-17x le résultat prévu en 2015 (multiple qui monte à 20x si l'on exclut les financières et l'énergie).

"On est très mal à l'aise, mais cela va continuer", assène la gérante, car d'un point de vue relatif, les actions européennes sont attrayantes, en particulier lorsqu'on les compare aux obligations.

Un raisonnement qui incite depuis plusieurs mois de nombreux investisseurs à regarder cette classe d'actifs et, avec l'envolée du dollar, attire des institutionnels américains, même si un part importante des flux arrive sous la forme d'ETF plutôt que de mandats de gestion active.

Il y a quand même quelques raisons "fondamentales" à l'intérêt pour les actions: les résultats de 2015 devraient pour la première fois dépasser ceux de 2007; plus aucun pays de la zone euro ne devrait être en récession et les réformes structurelles engagées depuis près de 5 ans dans certains pays vont conduire une augmentation très significative de l'excédent courant de la zone à un niveau peu compatible avec le niveau actuel de l'euro face aux autres devises.

"Beaucoup de gens oublient que l'euro est une devise structurellement forte. Pendant de nombreuses années, l'excédent allemand était masqué par les déficits des pays d'Europe du Sud. Mais avec les ajustements mis en oeuvre, cette situation change", observe Catherine Garrigues.

"C'est un facteur de risque énorme à mon sens", mais cette situation inconfortable pourrait durer "quelques temps", tant que la BCE opèrera son programme d'achats d'actifs. 

La question qui se posera sera de savoir, lorsque l'on arrivera à la fin du programme actuel (septembre 2016 si l'inflation revient vers l'objectif de 2% de la banque centrale), comment les marchés réagiront.

Pour l'heure, la gérante estime qu'il "n'y a pas d'inquiétude aujourd'hui", et qu'une poursuite de la hausse à deux chiffres des actions européennes depuis le début de l'année peut très bien se poursuivre.

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.