« Cygne noir » ou « Dinde noire » ?

Les chocs de marché majeur et imprévu ou « cygne noir » ont tendance à se multiplier… 

Valerio Baselli 20.02.2015
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L’expression « cygne noir » en finance a gagné ses lettres de noblesse  avec la crise financière de 2008.

Elle fait référence à ces événements rares et imprévisibles qui causent des chocs de marché, et ont été popularisés par Nassim Nicolas Taleb, philosophe et ingénieur du risque qui enseigne à l’université de New York.

L’expérience récente montre que ces « cygnes noirs » arrivent plus souvent que prévu.

Prenez cette année. La décision de la banque centrale suisse de libérer le taux de change du franc en janvier dernier, peut être classée comme un cygne noir.

Tout comme l’effondrement du rouble russe en quelques jours en décembre dernier. Historiquement, des événements tels que le "lundi noir" d'octobre 1987, lorsque le Dow Jones a perdu en une seule journée 22% de sa valeur, les attaques terroristes du 11 septembre 2001 à New York, ou la faillite de Lehman Brothers le 15 septembre 2008, sont considérés comme des « black swans ».

Comment se protéger ?

Les investisseurs doivent être conscients que les cygnes noirs sont toujours et qu'ils se produisent plus souvent qu'on pourrait le penser. Les dix dernières années le prouvent. Ce n’est pas un hasard si Paul Kaplan, directeur de la recherche chez Morningstar Investment Management, a qualifié ces événements de «dindes noirs », des animaux beaucoup plus communs que les cygnes noirs, très rares. Cliquez ici pour télécharger la présentation de la recherche.

Comme toujours, il n'y a pas de formule magique qui mette à l’abri du danger. Le mot d’ordre est la diversification, ce qui ne signifie pas détenir des dizaines d'instruments financiers dans le portefeuille, mais plutôt de construire un panier de placements qui sont peu corrélés entre eux, sont liquides et flexibles, de sorte que vous pouvez gérer la volatilité de manière dynamique.

Quels cygnes noirs en 2015 ?

Bien qu’ils soient par définition imprévisibles, il y a toujours quelqu’un qui essaie de les anticiper. C'est l'exercice auquel s'est livré Steen Jakobsen, économiste en chef chez Saxo Bank, qui a publié une étude dans laquelle il tente de cerner quelles sont les situations qui peuvent se transformer en cygnes noirs cette année. Nous en avons sélectionné quelques-uns.

La Russie de nouveau en défaut : l’effondrement des prix du pétrole et le poids des tensions géopolitiques conduisent les grandes entreprises et le gouvernement russe à être en défaut sur les questions de la dette extérieure. Le défaut de la Russie, comme en 1998, pourrait être le seul choix qui reste au pays, en particulier dans le cas où il n’y aurait pas de solution diplomatique définitive à la question ukrainienne.

L’inflation japonaise monte à 5% : l’incessante impression d’argent de la Banque du Japon mine la confiance dans le yen autant que la politique du gouvernement de Shinzo Abe. Le Japon perd le contrôle de sa monnaie et, après plus d’une décennie de prix et de taux qui s’effondrent, commence la flambée des prix.

La Chine sous-évalue le yuan de 20% : la Chine est à la recherche d’un moyen d'alléger les énormes pressions déflationnistes qui sont le revers du boom du crédit : l’Empire du milieu rejoint alors le Japon et les autres pays dans leur lutte pour générer de l'inflation.

Les contrats à terme du cacao touchent 5.000 dollars : la demande pour le chocolat est à la hausse dans le monde entier. Les prix subissent aussi les inquiétudes liées au virus Ebola et aux retards d’investissements dans les régions clés de l'Afrique de l’Ouest. La demande dépasse largement l’offre entraînant le prix au-delà de 5.000 dollars la tonne.

En 2017 le Royaume-Uni sort de l’UE : le parti indépendantiste et anti-européen UKIP (United Kingdom Independence Party) remporte 25% des voix dans les élections du 7 mai 2015, devenant la troisième force au Parlement. L’UKIP rejoint le conservateur David Cameron dans un gouvernement de coalition et appelle à un référendum pour revoir l'adhésion du pays à l’Union européenne en 2017. La dette publique de Londres souffre d’une forte hausse des taux.

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A propos de l'auteur

Valerio Baselli

Valerio Baselli  est éditorialiste sénior chez Morningstar.