L’argent et les enfants : s'y prendre tôt

Aborder le sujet le plus tôt possible, donner l’exemple et ne pas être hypocrite. Quelques conseils proposés par Morgan Stanley.

Valerio Baselli 13.02.2015
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L’argent est un tabou, surtout dans certaines familles. Si parler de questions financières peut embarrasser les parents et leurs enfants à l’âge adulte, le sujet est encore plus sensible quand il s’agit de jeunes enfants, disons jusqu’à l’adolescence.

Glenn Kurlander, directeur général de la gestion de patrimoine chez Morgan Stanley a publié un une sorte de manuel qui énumère quelques règles à garder à l'esprit quand on veut (ou on ne veut pas) parler d’argent avec ses enfants. Ce rapport est intitulé « Opening Pandora’s Box », tout un programme.

L’expérience de Kurlander est basée sur sa relation avec une clientèle haut de gamme, très riche, qui essaie souvent de ne pas révéler aux enfants la vraie richesse de la famille, afin de les pousser à s’appuyer davantage sur leurs forces que sur les ressources de leurs parents. Les principes énoncés peuvent être d’intérêt pour toute personne.

L'argent est comme le sexe

Tout aussi compliquées que les questions d’argent, il y a les questions d’ordre sexuel. Kurlander, cependant, nous rappelle que dans la plupart des cas, les enfants en savent souvent déjà beaucoup plus que ce nous imaginons. Les enfants font attention à tout, et s’ils ne sont peut-être pas en mesure de percevoir la valeur réelle des choses ou leur sens profond, ils nous voient dépenser de l’argent, payer, acheter, voire nous disputer à cause de l’argent. Ils observent et enregistrent beaucoup de choses. La tâche des parents est de les aider à contextualiser ce qu’ils savent ou découvrent, apprendre la valeur des choses et pas seulement leur prix.

Réfléchir avant de parler

L’exemple est plus fort que n’importe quel mot. Vous ne pouvez pas dépenser votre salaire n’importe comment puis expliquer à vos enfants qu’il faut économiser ; vous n'êtes pas crédible si vous achetez une nouvelle voiture chaque année, et que vous prétendez donner des leçons sur la futilité des choses matérielles. «S’il y a une forte différence entre ce que vous dites et ce que vous faites, les enfants le remarqueront bientôt et commenceront à ignorer ce qu’on leur dit, » affirme Kurlander.

Parler, parler, parler

A l’école on ne parle pas d’argent. Les parents sont ceux qui devraient apprendre comment gérer l’argent, même s’il s’agit des petits montants. Cela inclut aussi le fait de penser tôt à la retraite et de ne pas s’endetter de manière trop importante.

Parler avec eux, pas à eux

Kurlander rappelle également l'importance de ne pas faire l’erreur de vouloir donner des leçons avec un seul locuteur, le parent, mais d’avoir plutôt des conversations avec des échanges de vues et des questions auxquelles ils ont à chercher leurs propres réponses.

L’«argent de poche» peut être un bon exercice

Ce sujet est très discuté. Selon Kurlander, donner une somme hebdomadaire peut être utile pour responsabiliser et former les enfants à gérer leurs ressources financières, dès six ans. A la condition de rester dans un montant convenu dès le départ, sinon l’exercice perd son intérêt.

Investir dans ses enfants

Beaucoup de clients de Kurlander sont inquiets que la richesse de la famille puisse pousser les héritiers à vivre de rentes. «Les parents veulent que leurs enfants soient en mesure de faire leur chemin seul », explique-t-il. « Donc, pour cela, il faut investir en eux : si votre enfant vous demande un nouveau vélo, payez la moitié et offrez-lui un moyen de payer l’autre ».

Cela ne cesse jamais

Discuter avec ses enfants d’argent n’est pas quelque chose qui ce fait une fois, au contraire ce doit être fait tout au long de la vie. Évidemment, comme les enfants grandissent, ça devrait également changer l’approche et la qualité de ce type de conversation.

 

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A propos de l'auteur

Valerio Baselli

Valerio Baselli  est éditorialiste sénior chez Morningstar.