Janvier record pour les Bourses européennes

Les actions européennes affichent leur meilleur mois de janvier depuis 1989, sur fond de hausse de la volatilité.

Jocelyn Jovène 02.02.2015
Facebook Twitter LinkedIn

Est-ce enfin le retour des actions européennes ? Les marchés actions ont connu un incroyable mois de janvier avec un bond de 7,2% pour l’indice Stoxx Europe 600, le meilleur depuis 1989, alors que le S&P 500 a cédé 3,1% et que l’indice MSCI World a reculé de 0,6%. Les actions japonaises (TOPIX) ont pris 0,5%, et les actions émergentes 1,4%.

L’Europe se distingue, en grande partie parce que, depuis quelques semaines, les investisseurs étaient de plus en plus nombreux à parler et à anticiper l’annonce d’un « QE » de la BCE. Laquelle n’a pas déçu.

Non seulement a-t-elle confirmé l’achat d’obligations souveraines pour 1.140 milliards d’euros entre mars 2015 et septembre 2016, mais encore a-t-elle laissé ouverte la porte à une poursuite des achats d’actifs tant que le rythme de progression de l’inflation ne sera revenu vers le niveau cible de la BCE, soit 2%. Tout semble donc fait pour lutter contre le risque de déflation et relancer la distribution de crédit aux entreprises.

Avec les injections déjà massives de liquidité par la Banque du Japon et bientôt, celles de la BCE, les investisseur semblent prêts à prendre plus de risque, d’autant que les actions européennes se traitent avec une décote par rapport aux actions américaines, plébiscitées l’an dernier.

Les autres éléments favorables aux actions européennes sont la baisse du cours du baril de brut, et surtout la baisse de l’euro – par ailleurs concomitante avec l’annonce des premières mesures de la BCE en juin 2014.

Mais l’avantage aux actions européennes s’arrête là, pour le moment. Les investisseurs attendent deux choses : une reprise de la croissance des résultats, qui pourrait être aidée par la baisse de l’euro ; et un cadre macro-économique et politique plus stable.

Or sur ce dernier point, le bât blesse. Les élections grecques sont venues rappeler que rien n’est joué en matière de gouvernance et que des pays, contraints à de très lourds sacrifices, sont prêts à jouer un autre jeu que celui de l’obédience à l’orthodoxie financière imposée par Bruxelles ; d’autres élections importantes interviendront en 2015 (Espagne) et pourraient être une nouvelle source de volatilité.

L’Europe doit également jouer une autre partition que celle de l’austérité et engager, à côté d’une politique monétaire accommodante, une politique budgétaire orientée vers une dépense publique plus efficace et surtout qui favorise les investissements de long terme. C’est l’ambition du plan Juncker, mais ce dernier est considéré comme bien insuffisant par certains économistes.

Ces éléments d’incertitude ont d’ailleurs profité aux valeurs refuge : le rendement à 10 ans des bons du Trésor a chuté de 54 points de base en un mois ( !), celui du 10 ans allemand de 28 points de base ; l’or a bondi de 8% sur le mois et les indices de volatilité ont nettement remonté (+9,2% pour le VIX).

L’Europe ressemble de plus en plus à un ilot de prospérité boursière qui pourrait voler en éclat à tout moment, si un nouveau mouvement de panique – tel que celui d’octobre dernier – devait s’emparer des investisseurs. 

Facebook Twitter LinkedIn

A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.