Comment gérer la volatilité ?

Les stratégistes d’UBS proposent une série d’idées pour se prémunir d’un regain de volatilité en 2015, anticipée par de nombreux investisseurs.

Jocelyn Jovène 26.01.2015
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Pourquoi la volatilité ?

Les raisons sont de plusieurs ordres, mais deux facteurs importants priment, suivi d’autres éléments un peu moins importants.

Le premier facteur est, pour UBS, la divergence des politiques monétaires entre les Etats-Unis et la zone euro et le Japon. La Fed pourrait annoncer courant 2015 un relèvement de son taux directeur (Fed funds) si la croissance économique se raffermit et si la situation du marché du travail s’améliore sensiblement.

Après avoir accru la taille de son bilan, la banque centrale américaine pourrait passer à la normalisation de sa politique monétaire, c’est-à-dire une remontée des taux d’intérêt pour contrôler tout dérapage inflationniste. Cette perspective semble toutefois encore lointaine aujourd’hui puisque le dollar s’est apprécié et que l’inflation reste sous pression du fait notamment de la chute des cours des matières premières.

Dans le même temps, la Banque centrale européenne a engagé une politique d’augmentation de la taille de son bilan, tout comme au Japon, pour lutter contre le risque déflationniste. D’un environnement de marché où les politiques monétaires étaient relativement coordonnées pendant les années de crise, on est aujourd’hui dans une situation où chaque banque centrale fait un peu bande à part : la décision de la BNS d’abandonner le cours plancher du franc suisse face à l’euro en a été la plus éclatante démonstration.

Tout ceci devrait largement contribuer au rebond de la volatilité. Mais ce n’est pas tout. La chute des cours des matières premières – celle du pétrole, maintenant bien connu, mais aussi celle plus récente, du cuivre, assez peu commentée à ce stade – joue un rôle central dans l’ajustement de l’équilibre offre-demande.

Dans une situation économique et politique incertaine, les trajectoires de l’offre et de la demande sont moins lisibles (en particulier du côté de l’offre, puisque certains pays ou entreprises producteurs de certaines matières premières doivent revoir leur plan d’investissement ou leur capacité productive) et sont sources de volatilité.

A ces éléments s’ajoutent les facteurs géopolitiques, les échéances électorales (Grèce, Espagne…), et de manière plus générale une croissance économique mondiale qui reste, somme toute, encore fragile.

Quelles stratégies adopter ?

Sur les taux, les stratégistes d’UBS recommandent une stratégie à base d’options. Certains investisseurs peuvent profiter d’un regain de volatilité en achetant 12 options à 3 mois et en vendant une option de maturité 3 ans, un regain de volatilité favorisant la première jambe de la stratégie et défavorisant l’option à maturité plus longue.

Tous les investisseurs ne peuvent toutefois s’exposer à ce type de stratégie. Une stratégie de type « barbell », qui investit à la fois sur des maturités courtes et longues et évite les maturités intermédiaire peut être intéressante. La limite de cette approche est qu’elle pénalise le rendement.

Dans l’univers des actions, l’histoire montre qu’un environnement plus volatil est généralement favorable aux titres à faible béta, c’est-à-dire des titres qui évoluent moins que le reste du marché, à la hausse comme à la baisse.

« Depuis 2012, les titres défensifs à faible béta en Europe ont généralement surperformé leurs équivalents à béta élevé et les valeurs de croissance ont surperformé les titres value », note Nick Nelson, stratégiste actions d’UBS.

Sur les marchés émergents, UBS a une attitude plus prudente. Les investisseurs peuvent en effet être tentés d’aller chercher du rendement (« carry ») en s’exposant à des pays dont la devise peut apparaître sous-évaluée face au dollar.

Mais dans cet univers, nombreux sont les investisseurs à recommander la sélectivité, voire à ne s’exposer qu’à travers des émissions en devise dure (dollar). Les investisseurs devraient privilégier les pays qui ont engagé des réformes et seront à même de retrouver un chemin de croissance plus sain et durable.

Pour Bhanu Baweja, « il serait prudent de se focaliser sur le crédit de pays émergents relativement solides comme la Corée, la Malaisie ou le Mexique où la sensibilité du carry à la volatilité devrait être plus gérable. »

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.