Les marchés réagissent peu après la victoire de Syriza

Le risque de contagion politique à d'autres pays (Espagne) pourrait être plus problématique.

Jocelyn Jovène 26.01.2015
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Alors que la thématique d’une sortie de la Grèce de la zone euro avait provoqué un regain de volatilité sur les marchés fin 2014, l’annonce dimanche soir de la victoire du parti d’extrême-gauche Syriza, dont le leader prône la rupture avec la politique d’austérité imposée par la Troika (FMI, Commission européenne, BCE), rencontre une certaine indifférence de la part des investisseurs.

Ces derniers ne semblent guère montrer de signes d’inquiétude. Ils semblent même plus « impressionnés » par l’impact qu’auront les dernières mesures prises par la BCE et vont placer la Grèce en observation, en attendant d’en savoir plus sur la coalition gouvernementale qui sera formée et sur les premiers échanges avec la Troika.

Lundi, à la mi-journée, l’indice Stoxx Europe 600 gagnait 0,1%. Le secteur bancaire cédait 0,1%. La Bourse grecque cédait 1,8%, après avoir plongé de 17% en 3 mois. Le rendement à 10 ans du Bund regagnait 5 points de base et l’euro reprenait 0,5% à 1,1267 face au dollar.

Pour un certain nombre d’observateurs, il existe des marges de manœuvre pour négocier avec la Troika, la Grèce ayant nettement amélioré sa situation au plan budgétaire (existence d’un surplus primaire), et ayant retrouvé une croissance positive ces derniers trimestres.

« Etant donné que la majorité de l’électorat grec veut que le pays reste dans la zone euro (76%) et que le PIB a cru pendant trois trimestres – alors que le pays retomberait en récession en cas de sortie de la zone euro – nous pensons qu’il peut y avoir compromis qui réduirait la valeur de la dette grecque et réduirait l’austérité budgétaire, tout en s’assurant que le programme de réformes structurelles », notent les économistes d’UBS dans une note.

D’autres économistes, chez Standard Chartered par exemple, pensent qu’une renégociation de la dette publique est compliquée et qu’une dépréciation est impossible, car elle entraînerait une sortie du pays de la zone euro.

Au niveau des classes d’actifs, les experts de JPMorgan s’attendent à ce que la victoire de Syriza « conforte certains thèmes (achat de duration, écartement des swaps spreads) mais en mette à mal d’autres (resserrement des spreads intra-zone et vente de volatilité). »

Pour certains investisseurs, la question est de savoir si un risque de contagion politique va émerger et toucher d’autres pays où de lourds programmes d’austérité ont été imposés – avec en ligne de mire l’Espagne.

« Les autorités européennes doivent comprendre la douleur du peuple grec », et l’importance de mettre en place des programmes qui soutiennent l’investissement, avec en contrepartie un moindre effort au plan de l’austérité, a estimé Frédéric Leroux, gérant chez Carmignac, au cours d’une conférence de presse.

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.