Les investisseurs apprécient les ETF couverts

L’an dernier 45 nouveaux produits offrant une couverture du risque devise ont été lancés en Europe. Les flux augmentent, en particulier sur le Japon. Mais sur le long terme, ces fonds n’offrent pas de surcroît de performance. 

Valerio Baselli 13.01.2015
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Les investisseurs peuvent difficilement ignorer le risque de change. Aussi, sélectionner le bon ETF n’est pas aussi facile que cela peut paraître.

Pour trouver l’indice le plus approprié, l'émetteur ou la meilleure méthode de réplication, il ya plusieurs étapes à suivre. Si l’on considère l'achat d'un instrument exposé à des titres cotés hors de la zone euro, l’investisseur doit décider s’il veut ou pas se couvrir contre le risque de change.

Comment et pourquoi se couvrir

Sans aucune couverture de changes, la performance d’un tracker sera celle des titres de l'indice à laquelle s’ajoute la performance de la devise étrangère par rapport à la devise locale. Les ETF couverts éliminent le deuxième facteur.

La couverture du risque de change n’est pas nouvelle. Les investisseurs l’ont toujours mise en oeuvre, en utilisant des dérivés ou des positions courtes pour protéger leur portefeuille.

Cependant, les fournisseurs d’ETF ont vite compris l’intérêt de proposer des produits couverts. En Europe il ya plus de 70 ETF couverts contre le risque de taux de change, dont 45 lancés au cours des 12 derniers mois.

“Le choix de se protéger contre le risque monétaire est loin d'être anodin”, déclare Caroline Gutman, analyste ETF chez Morningstar. “Les investisseurs exposés aux fluctuations de change entre la fin des années 90 et le début du nouveau millénaire en savent quelque chose : en 1997, le baht thaïlandais a perdu 20% en peu de temps face au dollar , suivi immédiatement par le peso philippin, le dollar de Singapour et le won sud-coréen; les investisseurs occidentaux exposés aux actions asiatiques ont subi une lourde perte en capital”.

De même, en 2013, le yen japonais a subi une forte dévaluation (une conséquence des “Abenomics”, la politique monétaire, budgétaire et de réformes structurelles du gouvernement japonais). En conséquence, l’indice MSCI Japan a marqué une performance annuelle de 54% en yen en 2013, tandis que le même indice n’a progressé que de 24% en dollars.

Des flux à la hausse

Les ETF couverts attirent de plus en plus d'intérêt. Selon les données Morningstar, l'année dernière, les ETF couverts ont bénéficié d’une collecte supérieure à 5,5 milliards d’euros, concentrée principalement sur les produits investis en actions japonaises. En un an, le iShares MSCI Japan Euro Hedged ETF a collecté plus de 650 millions d’euros, tandis que son “cousin” non couvert, l’ETF iShares MSCI Japan, a enregistré environ 100 millions de sorties.

Les coûts

“Évidemment, la protection à un coût supplémentaire”, dit Gutman. Si on reste sur l’exemple japonais, l’ETF iShares couvert présente des frais annuels totaux de 0,64%, contre le 0,59% pour l’ETF non couvert. “Il faut aussi considérer tout coût lié au rolling, c’est-à-dire au renouvellement des contrats de dérivés que l’émetteur doit mettre en place pour se protéger contre le risque de change.”

Sans parler du coût d'opportunité, la perte potentielle qui pourrait se produire si la monnaie étrangère s’apprécie par rapport à la monnaie locale. Par exemple, un investisseur français qui se serait couvert contre le dollar américain en 2013 aurait perdu 4,3 points de pourcentage de rendement.

“Cela dit, il est important de souligner que prédire les mouvements futurs des taux de change est pratiquement impossible, surtout sur le long terme”, déclare l’analyste de Morningstar. “En plus, plusieurs études ont montré que sur longue période l’exposition aux devises (et donc la couverture aussi) n’apporte pas des rendements supplémentaires. Par conséquent, nous recommandons d’utiliser les ETF couverts pour prendre des positions tactiques, c’est-à-dire de court terme.”

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A propos de l'auteur

Valerio Baselli

Valerio Baselli  est éditorialiste sénior chez Morningstar.