QE or not QE ? Les ETF à bas coût constituent une option séduisante

Les ETF permettent de se préparer à un regain de volatilité dans l'attente d'une poursuite de l'assouplissement de la politique monétaire de la BCE.

Jose Garcia Zarate 18.12.2014
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La situation économique de la zone euro reste plutôt fragile. L’espoir d’une reprise durable a été douché en milieu d’année et les prévisions de croissance du PIB ont depuis été révisées à la baisse, corroborant l’idée que la stagnation pourrait désormais être dans l’ordre des choses.

Plus inquiétant encore, l’inflation, ou plus précisément son absence totale, alimente depuis quelques temps déjà des supputations sur une « japonisation » de l’union monétaire.  

Ce tableau pour le moins morose n’a toutefois pas empêché les marchés d’actions et d’obligations de la zone euro d’enregistrer des performances positives en 2014. Ainsi, du début janvier à la fin novembre, l’indice Eurostoxx 50, qui mesure la performance des 50 premières entreprises de la région, a gagné 8,2 %.

Parallèlement, sur la même période, l’indice Barclays Euro Aggregate Bond, qui reflète l’évolution du marché des obligations libellées en euro de catégorie investment grade (obligations d’Etat et obligations d’entreprise confondues, soulignons-le), a enregistré une hausse encore plus substantielle, de 10,2 %, et ce, via la simple appréciation du capital.

Un portefeuille purement composé de deux fonds à bas coût reproduisant ces indices de référence des plus classiques aurait généré une performance plutôt correcte pour un investisseur en euro. Mais celui-ci aurait pu empocher des rendements bien meilleurs encore en s’exposant à un seul pays périphérique plutôt qu’aux indices d’actions de l’ensemble de la zone euro.   

Malgré le pessimisme ambiant quant à l’environnement macroéconomique de la zone euro, 2014 aura donc été une bonne année en termes de performances des marchés financiers. Le point à bien saisir ici est l’influence des prévisions sur l’évolution des marchés – une influence que certains investisseurs mesurent mal, à leurs dépens.  

En fait, lorsque l’on considère les performances des marchés financiers, les données économiques objectives sont importantes en ce qu’elles façonnent et valident nos attentes. Et aussi contre-intuitif que cela puisse paraître, des données négatives peuvent parfois induire des attentes positives. C’est précisément ce qui s’est passé dans la zone euro en 2014.  

De fait, les marchés financiers ont « favorablement accueilli » chaque chiffre attestant de la dégradation des conditions macroéconomiques, y voyant un argument supplémentaire en faveur de la thèse selon laquelle la Banque centrale européenne (BCE) n’aurait d’autre option que de déployer toute sa puissance de feu (à savoir : un programme d’assouplissement quantitatif à grande échelle) pour remédier au malaise de la zone euro.

Une telle politique semble d’autant plus urgente aujourd’hui que l’espoir de voir le recul de l’euro soutenir l’inflation se trouve compromis par la chute des prix des importations (de l’énergie).    

Que l’on considère le président de la BCE, Mario Draghi, comme un manipulateur rusé ralliant petit à petit l’Allemagne à la cause de l’assouplissement quantitatif, ou comme quelqu’un cherchant à ménager Berlin de toutes les manières possibles (taux zéro, achats d’obligations sécurisées) dans l’espoir d’éviter un assouplissement quantitatif, ne revêt guère d’importance.

Ce qui compte en revanche est que, d’une façon ou d’une autre, l’assouplissement quantitatif constitue l’issue inévitable du point de vue des marchés financiers. Et comme ceux-ci restent fondamentalement suspendus aux décisions de la BCE, les marchés d’actions et d’obligations de la zone euro ont vu leurs valorisations augmenter.

Or, lorsque ce type d’attentes est fermement ancré dans les esprits, le risque de déception est généralement élevé. A l’approche de 2015, les marchés financiers misent largement sur le lancement par la BCE d’un programme d’assouplissement quantitatif. Certes, les conditions macroéconomiques pourraient subitement s’améliorer et rendre une telle politique inutile. Ce scénario semble toutefois peu probable.

Dès lors, si l’assouplissement quantitatif tant attendu ne se produisait pas, le risque baissier pourrait être conséquent pour les marchés de la zone euro. Les marchés en viendraient à conclure que Mario Draghi ne peut pas joindre l’acte à la parole, et l’espoir d’une résolution du malaise européen pourrait rapidement laisser place à de nouvelles craintes d’un démantèlement de la zone euro. 

Mon intuition est que le président de la BCE joindra bien l’acte à la parole – la Bundesbank ne cachera sans doute pas son irritation, mais le gouvernement allemand donnera discrètement son accord. Mario Draghi est peut-être rusé, mais la BCE n’aurait pas pu prendre les mesures qu’elle a déjà mises en œuvre – et celles qu’elle prendra probablement – sans obtenir l’aval politique de Berlin sous une forme ou sous une autre.

Dans ce contexte, la balance devrait pencher pour une nouvelle progression des marchés d’actions de la zone euro en 2015. Si vous êtes sceptique ou si vous n’êtes tout simplement pas de cet avis, vous auriez sans doute intérêt à opter pour un fonds indiciel coté à bas coût fournissant une exposition aux obligations d’Etat allemandes.

Après tout, si la BCE lance effectivement un plan d’assouplissement quantitatif, elle risque de devoir acheter des titres en fonction du poids de chaque économie nationale, ce qui favorisera l’Allemagne.

Et si elle y renonce, et que les craintes d’un démantèlement de la zone euro refont surface, les obligations allemandes seront le placement refuge par excellence. Une formule gagnant-gagnant, en quelque sorte !

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A propos de l'auteur

Jose Garcia Zarate  is an ETF analyst with Morningstar UK.