Quelles sont les différentes parts d’un fonds ?

Petit guide à destination des investisseurs, face à une offre pléthorique et parfois illisible.

Mara Dobrescu 03.11.2014
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Les investisseurs qui souhaitent acheter un fonds peuvent légitimement se sentir désemparés lorsque celui-ci propose une dizaine de parts différentes, aux libellés souvent peu compréhensibles.

En connaissant certaines pratiques et conventions du marché (telles que la distinction entre parts destinées aux particuliers et parts institutionnelles), on peut commencer à y voir plus clair.

Néanmoins, il n’existe pas (encore) de nomenclature standardisée et c’est in fine à l’investisseur qu’incombe la responsabilité de vérifier dans les documents légaux du fonds et auprès de la société de gestion quelle est la catégorie de parts dans laquelle il peut effectivement investir.

Des parts de capitalisation/distribution

La plupart des fonds proposent deux grandes catégories de parts : les parts dites de capitalisation (C ou Acc pour « Accumulation ») et les parts de distribution (D ou Inc pour « Income »). La différence entre ces deux catégories concerne le traitement des revenus générés par les titres en portefeuille (coupons distribués par les obligations, dividendes versés par les actions).

Dans les parts de distribution, tous les revenus reviennent périodiquement aux porteurs de parts, ce qui les rend adaptées aux investisseurs qui souhaitent tirer un revenu régulier de leurs placements.

Dans les parts de capitalisation, ces gains sont réinvestis directement dans le fonds, ce qui augmente le potentiel d’appréciation future du placement, un choix adapté pour les investisseurs cherchant à réaliser une plus-value à long terme.

Des parts destinées à différentes catégories d’investisseurs

Une autre distinction fréquente est celle entre les parts destinées aux investisseurs particuliers (parfois appelées P, ou R pour « retail ») et des parts dédiées aux investisseurs institutionnels (souvent appelées parts I). Ces dernières ne sont souvent accessibles qu’à partir d’un montant minimum d’investissement élevé (supérieur à 50 000 euros par exemple).

Pour les identifier, l’investisseur peut notamment comparer leurs frais… Alors que les parts institutionnelles sont généralement proposées avec des frais courants inférieurs à 1%, la facture est bien plus lourde pour les investisseurs particuliers, pouvant aller jusqu’à 2 ou 2,5% par an, en fonction de la classe d’actifs !

Enfin, il convient de mentionner les parts réservées aux conseillers en gestion de patrimoine (CGP), qui permettent à ces derniers d’être rémunérés par le fournisseur du fonds à travers des rétrocessions de commissions. Au moment où certains pays européens tels que le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont déjà banni toute forme de rétrocession, les investisseurs français sont encore confrontés à cette pratique, une source potentielle de conflits d’intérêt

Des parts avec des caractéristiques de rendement/risque différentes

D’autre part, la tâche de l’investisseur est compliquée par la prolifération, ces dernières années, d’un grand nombre de parts qui se distinguent par des politiques de gestion distinctes, au sein d’un même fonds. Ces catégories de parts peuvent présenter un profil de rendement/risque très différent les unes par rapport aux autres, et l’investisseur doit faire preuve de la plus grande vigilance pour déterminer si celles-ci sont réellement adaptées à ses besoins.  

1/ Les parts couvertes du risque de change, dans différentes devises

Ces parts apparaissent souvent avec le libellé H ou « Hedged », suivi du nom de la devise de couverture (EUR, USD, CHF…). Elles peuvent avoir du sens pour les investisseurs qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas supporter le risque de change.

En choisissant une part couverte en euros d’un fonds d’actions américaines par exemple, un investisseur ne subira pas la contre-performance éventuelle que le taux de change entre l’euro et le dollar pourrait avoir sur les titres américains en portefeuille.

Mais à l’inverse, il ne bénéficiera pas non plus de l’éventuel effet positif du taux de change. L’investisseur doit donc bien réfléchir avant de choisir et se rappeler que la devise est un élément important de l’effet de diversification attendu d’un fonds international.  

2/ Les parts couvertes du risque de taux, sur les fonds obligataires

Relativement récentes, ces parts apparaissent souvent avec le libellé DH ou « duration hedged ». Elles ont pour objectif d’immuniser un portefeuille contre le risque de taux, afin que la performance du fonds provienne exclusivement des coupons versés par les obligations et de la variation éventuelle des « spreads » (c’est-à-dire les écarts entre les taux des obligations et le taux sans risque).

Là encore, ce choix de gestion peut priver le portefeuille d’un moteur de performance important. Par ailleurs, ces parts ne sont en existence depuis relativement peu de temps et il n’est pas encore possible d’évaluer la pertinence d’une telle couverture sur un cycle de marché complet.

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A propos de l'auteur

Mara Dobrescu

Mara Dobrescu  est analyste Fonds chez Morningstar France