Rachats d’actions : le commencement de la fin

La diminution des injections de liquidités pourrait signaler la fin des rachats d’actions pour les entreprises américaines, estime Albert Edwards, stratégiste de la Société Générale.

Jocelyn Jovène 29.08.2014
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Les injections de liquidités par les banques centrales et la baisse des taux qui en a résulté n’ont pas uniquement créé un problème d’allocation et de recherche de rendement pour les investisseurs.

Ce n’est pas tout. Pour Albert Edwards de la Société Générale, cette situation a conduit les entreprises à racheter leurs actions plutôt que d’investir dans leur outil productif, faute de débouchés.

Mais ce faisant, elles ont agi au pire moment, au prétexte de pouvoir profiter de taux bas, mais pour racheter des actions parfois surévaluées. Autre constat inquiétant selon le stratégiste, le montant des rachats d’actions a conduit les entreprises à détériorer leur bilan.

« Il est largement accepté que le programme d’assouplissement quantitatif de la Fed a alimenté l’inflation du prix des actifs bien au-delà de leur valeur fondamentale (l’augmentation des inégalités étant l’un des résultats malencontreux de cette situation) », observe Edwards dans une note aux investisseurs.

Comme l’illustre le graphique suivant, la trésorerie générée par les entreprises américaines était suffisante pour couvrir les dépenses d’investissement, les acquisitions et le paiement de dividende, mais elle n’était pas suffisante pour couvrir les rachats d’actions.

Les analystes de la banque estiment même qu’un tiers des rachats d’actions ont en fait servi à couvrir le coût des options distribuées aux dirigeants de sociétés cotées qui arrivaient à maturité. « L’assouplissement quantitatif a enrichi les riches », note-t-il.

« Ce processus pro-cyclique se terminera dans les larmes et doit être vu de manière rétrospective comme la folie caractéristique d’une fin de cycle. Car lorsque le financement par le biais d’émissions d’obligations privées s’arrêtera (ou pour n’importe quelle raison, si le QE devait se terminer), les rachats d’actions s’arrêteront et l’un des principaux soutiens à la hausse des marchés disparaîtra », conclut le stratégiste.

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.