Gestion obligataire : diversifier en sortant des sentiers battus

La baisse des taux pousse les investisseurs professionnels à chercher du rendement en se diversifiant géographiquement tout en se montrant très sélectif.

Jocelyn Jovène 29.08.2014
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La baisse des taux est là pour durer. C’est l’un des points sur lesquels l’ensemble des intervenants de la première université d’été de l’asset management, qui s’est déroulée jeudi après-midi à l’Université Paris-Dauphine, en partenariat avec Morningstar et la société de gestion Convictions AM, étaient d’accord.

Après une parenthèse d’un siècle marquée par des phases d’inflation soutenue, provoquées par les reconstructions d’après-guerre ou les chocs pétroliers, le monde est entré durablement dans une phase d’inflation faible, voire de déflation.

Pour Xavier Lépine, président de La Française AM, qui gère 42 milliards d'euros, « l’état naturel du capitalisme, c’est la déflation ». Ce responsable a mis en avant la mutation des modèles économiques et la dématérialisation croissante de plus en plus de secteurs d’activité, dans un monde où les économies s’ouvrent de plus en plus les unes aux autres.

Olivier Héreil, directeur des gestions de BNP Paribas Cardif, a affirmé que l’environnement actuel conduit les investisseurs à « aller capter du rendement à l’extérieur d’une zone où il n’y en a pas beaucoup », en regardant des régions comme les marchés émergents.

Toutefois, il faut « éviter de confondre diversification et dispersion », c’est-à-dire qu’il faut être très sélectif dans les classes d’actifs retenues pour aller capter ce surcroît de rendement, tout en tenant compte des contraintes réglementaires qui pèsent sur certains types d’investisseurs, a-t-il ajouté.

« Il est difficile d’avoir une allocation protectrice contre l’inflation sans avoir d’actifs risqués », a estimé pour sa part Michel Manteau, responsable de la gestion taux de la Caisse Autonome de Retraite des Médecins de France (CARMF).

« On subit les taux bas, mais on cherche des solutions », a observé de son côté Philippe Mimran, directeur adjoint de la gestion d'actifs cotés chez EDF.

Parmi ces solutions, le gérant a évoqué la modification des pondérations des classes « traditionnelles », la recherche de nouvelles classes d’actifs « de type obligataire » (comme les actifs réels ou le private equity), et au sein de la classe obligataire, « jouer tout le spectre » (du crédit jusqu’à des actifs moins liquides comme les prêts).

Le responsable d’EDF a toutefois averti que si la baisse de l’inflation serait sans doute une réalité pour les années à venir, il fallait veiller à « ne pas s’enfermer dans des certitudes sur le long terme. »

Jouant volontairement les Cassandres, Sylvain Desforges, directeur général délégué d’AG2R La Mondiale, a jugé que si l’Europe connaissait actuellement une situation « dépressive », cette situation peut se soigner, en conduisant des réformes structurelles, en replaçant les entreprises au centre du jeu, et surtout en créant une « culture du risque ».

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.