Comment investir sur les marchés frontières ?

Les ETF marchés émergents ont connu une année difficile quand les marchés frontières ont décollé. Explications.

Patricia Oey 21.02.2014
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En 2013, les marchés émergents ont dans l’ensemble perdu 5% quand les marchés frontières ont affiché une performance comparable aux marchés développés (plus de 20% de hausse).

Qu’est-ce qui explique cette différence ?

Les marchés frontières - Vietnam, Pakistan, Nigeria, Ukraine - sont à un stade de développement plus précoce que les marchés émergents, ce qui se traduit par une démographie plus dynamique, des investissements dans les infrastructures, un environnement des affaires qui s’améliore, et donc une croissance parfois rapide.

L’innovation financière et les nouvelles technologies ont permis le développement d’un secteur bancaire et de marchés financiers.

Certains pays sont parfois détenteurs de ressources minières ou agricoles qui sont une source de recettes à l’exportation, qui servent à financer de nouvelles infrastructures ou des programmes de développement locaux (éducation, santé…).

Compte tenu de profils économiques différents, les performances des Bourses sont relativement décorrélées avec un avantage pour les marchés frontières.

Tous ces éléments ont conduit certaines sociétés de gestion à s’intéresser à cette classe d’actifs et à proposer des fonds qui lui sont dédiés - même si cette offre est encore limitée.

Quels sont les risques ?

L’indice MSCI Frontier Market couvre environ 85% de la capitalisation boursière flottante de 25 marchés frontières. L’indice comporte 142 sociétés, dont la capitalisation boursière flottante combinée atteignait fin 2013 environ 130 milliards de dollars.

A titre de comparaison, l’indice MSCI Emerging Markets représente 3.600 milliards de dollars (et les marchés développés près de 31.500 milliards de dollars).

La sensibilité des marchés frontières aux flux de capitaux est encore plus importante que dans les marchés développés. Mais la volatilité de certains marchés doit inciter à une certaine prudence.

A ce risque de volatilité s’ajoutent des caractéristiques plus spécifiques, comme les risques d’instabilité politique (cas de l’Ukraine actuellement ou l’Egypte en 2011), de corruption, d’insuffisance réglementaire ou de non respect des principes de gouvernance.

Comment investir ?

Il existe un certain nombre de fonds passifs (iShares MSCI Frontier) qui donnent un accès bon marché à ce type d’actifs. Mais compte tenu de la taille limitée de la classe d’actifs, celle-ci peut être affectée par les entrées et sorties de certains pays en son sein - certains pays sont « promus » des marchés frontières aux marchés émergents ; d’autres peuvent être « dégradés ».

L’an dernier, le Maroc est passé de la catégorie « Marchés émergents » à « Marchés frontières ». En mai prochain, le Qatar et les Emirats Arabes Unis passeront des « Marchés frontières » (dont ils représentent 30% environ) aux « Marchés émergents » (où leur poids sera d’environ 1%).

Ces changements de catégorie ont un impact significatif sur les performances. Ainsi, si les gérants de fonds investis en actions émergentes, qui pouvaient ignorer les actions marocaines, ceux qui gèrent des actions de marchés frontières vont les regarder de plus près, ce qui peut avoir un impact sur la performances des places boursières en question.

Le problème est que un ETF ne peut pas anticiper ces changements. Ils s’appliquent à la date prévue par les fournisseurs d’indices, et crée un décalage de performance.

Cet article a été initialement publié sur Morningstar.com et a été partiellement édité pour l'audience en France.

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A propos de l'auteur

Patricia Oey  Patricia Oey is an ETF analyst at Morningstar.