Chine : une transition à haut risque - SocGen

Quelle stratégie d’investissement adopter si la Chine ne maîtrise pas bien la transition vers son nouveau modèle de développement ?

Jocelyn Jovène 11.02.2014
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Dans la transition vers un modèle de développement centré davantage sur la consommation que sur les exportations et l’investissement, la Chine s’est engagée sur un chemin à haut risque, où l’hypothèse d’un « hard landing » ne peut totalement être exclue.

Dans une étude datée du 11 février, la recherche de Société Générale tente d’évaluer les différents scénarios à envisager ainsi que les conséquences en matière de gestion de portefeuille.

Si son scénario central est celui d’un ralentissement maîtrisé vers un rythme de croissance de l’économie chinoise autour de 5,5% (graphique), le défi de la deuxième économie est à la fois la sortie d’un modèle centré sur l’investissement, et le nécessaire assainissement de son système financier parallèle.

Source: SG Cross Asset Research

Cette étude permet de répondre aux préoccupations croissantes des investisseurs, qui, au-delà des tumultes sur les marchés émergents, se demandent ce qu’il se passerait si la Chine commettait une erreur de politique économique faisant monter le risque systémique.

Pour SocGen, en cas de « hard landing », c’est-à-dire d’une croissance qui tomberait non plus à 5,5%, mais sous 3,5%, le crédit serait la classe d’actifs la plus affectée.

« La classe d’actifs la plus vulnérable de toutes, à notre avis, sont les marchés du crédit chinois, qui seraient particulièrement vulnérables en cas d’assèchement de la liquidité. Bien que la corrélation entre les spreads en Chine et ceux du reste de la région a reculé, [nous nous attendons] à ce que le reste de la région souffre en cas d’atterrissage forcé, et [nous voyons] les spreads sur les obligations privées asiatiques libellées en dollars s’envoler pour atteindre les 800 points de base de 2008 dans ce scénario pessimiste. »

Les actions chinoises seraient également sous pression, malgré un mouvement de baisse déjà bien prononcé (-8,1% depuis le début de l’année pour le MSCI China). Seuls les rendements obligataires chinois pourraient bien rebondir, les autorités chinoises étant contraintes d’abaisse le taux repo vers les niveaux vus en 2009.

Pour SocGen, les autres gagnants d’un tel scénario noir pourraient être l’or et le dollar, qui profiteraient de la montée de l’incertitude et de leur statut de valeur refuge.

En revanche, du fait des relations commerciales étroites des pays asiatiques avec la Chine (notamment Taiwan, la Corée, la Malaisie et l’Australie).

L’analyse est d’autant plus intéressante que l’investissement reste un élément moteur encore important de la croissance chinoise (moteur renforcé par les plans de relance de 2008).

Source: SG Cross Asset Research

Dans ce contexte, la tâche d’assainissement du système financier chinois n’en est que plus difficile.

Source: SG Cross Asset Research

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.