Les hedge funds par le prisme des ETF

Certains fournisseurs d'ETF proposent de répliquer la performance des hedge funds, mais les méthodes et les résultats à espérer divergent.

Hortense Bioy, CFA 23.01.2014
Facebook Twitter LinkedIn

Disposer d’un accès liquide à des stratégies alternatives de type hedge funds à travers des ETF est une idée attrayante. Si les hedge funds sont toujours considérés comme étant une classe d’actifs opaque, nous pensons que celle-ci a un rôle à jouer dans les portefeuilles.

Certains fournisseurs d’ETF proposent une exposition à ces stratégies alternatives, en utilisant des structures et des approches différentes, qui peuvent pousser certains investisseurs à se demander ce que chaque approche apporte réellement.

Séparer l’alpha et le béta

La première distinction à faire est entre les ETF qui tentent de répliquer la performance des hedge funds et ceux qui suivent leur performance réelle.

La réplication de hedge funds repose sur le concept de « béta du hedge fund ». L’idée est qu’une part significative de la performance des hedge funds s’explique par des facteurs de marché (ou « bétas »), comme les mouvements de la Bourse américaine, des taux de change, etc plutôt que sur les compétences propres du gérant et son savoir-faire d’investisseur (l’« alpha »).

Les ETF répliquant les hedge funds cherchent à reproduire le béta du fonds d’une manière relativement liquide, transparente et peu coûteuse en investissant dans un ensemble de stratégies fondées sur des règles en utilisant des actifs sous-jacents liquides. Il ne s’agit pas de reproduire l’alpha du gérant.

A l’opposé, d’autres types d’ETF cherchent à suivre la performance réelle du gérant et donc à offrir une exposition à l’alpha qu’il peut générer, soit à travers un investissement direct dans le hedge fund ou à travers une réplication synthétique de leur performance.

Risques

En termes d’exposition au risque, il y a une différence entre les ETF qui donnent accès à une seule stratégie de hedge fund et ceux qui suivent plusieurs hedge funds. En suivant une seule stratégie de rendement absolu, les investisseurs sont exposés à un seul gérant. En cherchant à répliquer plusieurs stratégies, leur risque est un peu plus diversifié.

Il est donc important que les investisseurs restent réalistes quant à ce qu’ils peuvent attendre de ce type d’ETF. De par la nature peu liquide, opaque et coûteuse des actifs suivis, les investisseurs ne peuvent s’attendre à ce que les ETF qui suivent des hedge funds offrent les mêmes avantages que les ETF les plus courants.

A quoi peut-on s’attendre ?

Les investisseurs doivent s’attendre à sacrifier une partie des qualités offertes par les ETF en général, qu’il s’agisse de leur transparence (connaissance des sous-jacents composant le portefeuille de chaque ETF), l’accès direct à une classe d’actifs ou des coûts bas.

Les ETF qui cherchent à reproduire la performance réelle des hedge funds tendent à être plus représentatifs que ceux qui se contentent d’en répliquer le rendement. Toutefois, ils manquent de transparence. S’ils fournissent une information régulière sur leur stratégie et la construction de leurs indices, ils ne communiqueront jamais les composantes de ce dernier, ligne à ligne. En outre, ces ETF ne sont pas bon marché.

Les stratégies de réplication des hedge funds ont l’avantage d’être meilleur marché. Ils sont moins coûteux à gérer et n’ont pas de modèle de rémunération similaire à ceux des hedge funds. Ces approches tendent aussi à être plus transparentes car elles investissent le plus souvent dans des sous-jacents liquides.

Les investisseurs doivent néanmoins savoir que la performance répliquée sera moins proche que celle de l’industrie des hedge funds et ne peuvent répliquer l’alpha des gérants. Ces instruments sont en outre moins réactifs en cas de volatilité sur les marchés financiers, du fait de la méthode de réplication qui regarde le passé. Enfin, ces ETF dépendent de la mise à disposition d’informations de la part des hedge funds.

Des études empiriques ont montré que les stratégies de réplication produisent un rendement ajusté du risque moins intéressant que les hedge funds qu’ils tentent de répliquer, voire sensiblement inférieur pour certaines stratégies spécifiques.

Facebook Twitter LinkedIn

A propos de l'auteur

Hortense Bioy, CFA

Hortense Bioy, CFA  est directrice mondiale de la recherche sur l'investissement durable chez Morningstar