Bourse: Lazard Frères Gestion privilégie les actifs risqués en 2014

La société de gestion recommande quasiment la même allocation d'actifs qu'en 2013.

Jocelyn Jovène 09.01.2014
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On en prend les mêmes et on recommence. Comme l’an dernier, Lazard Frères Gestion privilégie les actifs risqués dans les allocations de 2014, sur fond de poursuite de la reprise économique et de politiques monétaires toujours accommodantes.

La société de gestion de portefeuilles joue en particulier les actions de la zone euro, qui seront portées par le retour à des croissances bénéficiaires à deux chiffres.

Croissance bénéficiaire élevée en Europe

« C’est en début de reprise que la croissance des résultats est la plus élevée », rappelle, Matthieu Grouès, responsable de la stratégie et des gestions de LFG. « En Europe, une croissance des profits de plus de 20% devrait être facilement réalisée cette année », ajoute-t-il.

Cet élément et des niveaux de valorisation toujours attrayants en relatif (par rapport aux obligations) plaident en faveur de la région, devant les Etats-Unis (où les profits ne progresseraient que de 10%), le Japon et les émergents (qui seront toujours sous pression avec le « tapering » de la Fed).

Cycliques exposées à l’Europe

Au sein des actions européennes, Régis Bégué, responsable de la gestion actions de LFG privilégie les cycliques exposées à l’Europe plutôt que les valeurs ayant une exposition aux marchés émergents.

Parmi ces valeurs on trouve des secteurs comme l’acier, le transport aérien, l’automobile, la consommation cyclique ou les médias.

« Le secteur de la santé a lui aussi encore du potentiel, malgré déjà 6 années de surperformance, car c’est l’un des rares domaines où les Européens font preuve d’innovation », observe-t-il.

Pour le gérant, malgré le rebond des marchés depuis 2012 – y compris des Bourses européennes – il n’y a pas actuellement de « poche de surévaluation majeure dans le marché, à l’exception de la biotechnologie et de l’Internet américains. »

La Fed « behind the curve »

Aux Etats-Unis, LFG anticipe une accélération de la croissance vers 3%, et une baisse du chômage relativement rapide qui posera la question d’une remontée des taux directeurs vers la fin de l’année, note Matthieu Grouès.

Pour le responsable, la Fed a un an pour terminer les achats d’actifs, surtout si la courbe du chômage décroit à un rythme soutenu. Dans de telles circonstances, « le retour du taux directeur de la Fed au niveau de la tendance de long terme (4%) prendra près de deux ans au rythme d’un mouvement de baisse de 25 points de base à chaque réuni. »

En tenant compte des délais d’arrêt du « tapering », cela signifierait que la politique monétaire redeviendrait restrictive d’ici 3 ans.

La Fed a donc fait le choix délibéré d’être en retard par rapport à la conjoncture, mais cette situation ne sera problématique pour les marchés que lorsque les salaires et l’inflation « core » accéléreront.

Pas de risque de déflation en Europe

En Europe, la conjoncture s’améliore également, avec un retour progressif à une croissance de l’ordre de 1% et une reconvergence  des trajectoires économiques des pays de la zone euro.

Le risque de déflation n’existe pas vraiment pour Matthieu Grouès, et la Banque centrale européenne (BCE) ne devrait du coup pas modifier sa politique (ce qui était le cas aujourd’hui).

Dans ce tableau plutôt positif, la France est le mauvais élève. Si son déficit public primaire se réduit, la croissance économique du pays déçoit, à cause d’un manque de mesures adéquates pour résoudre ses problèmes de compétitivité.

La France sous surveillance

L’Hexagone n’en reste pas moins « surveillé de près par les investisseurs asiatiques », note Lionel Clément, responsable de la gestion obligataire de LFG. En 2013, la Banque National Suisse a soutenu le marché des OAT en intervenant de manière quasi continue, devant les investisseurs asiatiques (Chine, Hong-Kong, Japon, Singapour).

Ces investisseurs à la recherche de signatures de qualité étaient confrontés à une raréfaction de l’offre. Ils se montrent désormais plus méfiants à l’égard de la dette française, en particulier à la manière dont l’Etat réduit les déficits – c’est-à-dire en privilégiant la hausse des impôts qui pèse sur les marges des entreprises et leur capacité d’innover, donc de gagner en compétitivité, plutôt que sur une réduction plus nette du train de vie de l’Etat et des collectivités locales.

Pour l’heure, le spread entre les OAT et les Bund à 10 ans évolue peu, mais il existe un risque qu’une remontée des taux aux Etats-Unis n’ait un impact sur les taux en zone euro. Il faudra alors que les pays de la zone aient retrouvé rapidement un rythme de croissance plus soutenu pour absorber un tel choc.

Perspectives 2014 de LFG par classe d'actifs


Source: Lazard Frères Gestion

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.