Pictet : 2014, année de la « monomanie » des actions

La poursuite de la croissance économique et l’expansion du bilan des banques centrales pousseront un peu plus les investisseurs vers les actions.

Jocelyn Jovène 13.12.2013
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Le monde continuera de vivre en 2014 une situation d’excédent de liquidités, malgré le « tapering », a estimé vendredi Christophe Donay, directeur des investissements de la banque privée suisse Pictet. L’action des banques centrales restera en effet un élément clef dans le pilotage des allocations d’actifs. Et la perspective d’une réduction des achats d’actifs par la Fed – point focal d’attention des marchés – « n’est pas un sujet », a-t-il affirmé.

Cet excès de liquidités poussera la quête de rendement des investisseurs vers les actions, ce qui pourrait créer dans un scénario agressif une croissance de plus de 10% de la classe d’actifs – non seulement la classe d’actifs suivra l’augmentation des profits des entreprises, mais on devrait également assister à une nouvelle année d’expansion des multiples de valorisation, selon Pictet.

Le stratégiste estime dans son contexte que le déclencheur d’un tel mouvement sera l’accélération de la croissance économique aux Etats-Unis de 2% en 2013 à 3,2% l’an prochain, ainsi qu’une croissance à deux chiffres des profits des entreprises.

Sans parler de « bulle » sur la classe d’actifs, Christophe Donay a rappelé le caractère très monomaniaque des investisseurs.

Il a néanmoins indiqué qu’un élément clef de réorientation des portefeuilles réside dans l’action de la Banque centrale européenne, qui devra tôt ou tard annonce son propre « QE » - bref relancer l’expansion de son bilan pour soutenir l’activité.

Cela semble d’autant plus probable que la domination de l’Allemagne au sein de l’institution monétaire semble s’amenuiser (le responsable de Pictet en veut pour preuve la baisse de 25 points de base des taux directeurs en novembre dernier, à l’encontre de l’avis des représentants de la Bundesbank).

Le risque d’un tel scénario d’appréciation des actions réside justement dans une « erreur de politique de la BCE, qui déciderait de ne pas participer aux injections de liquidités dans le système financier. L’autre risque serait celui d’une montée des tensions sur la qualité de la note souveraine d’Etats européens – Espagne et France dans une moindre mesure.

Si les actions sont une classe d’actifs à rechercher l’an prochain, Pictet juge qu’il faut éviter de s’exposer aux obligations « core » (Bons du Trésor, Bund), au regard du mouvement de remontée des taux d’intérêt, inévitable si la croissance se raffermit dans le monde (un niveau d’équilibre pour le 10 ans américain se situerait à horizon 2018-2019 vers 4,5% contre 2,8% aujourd’hui et 3,2%-3,4% en 2014.

Christophe Donay précise que la banque réduit son exposition aux obligations privées (« Investment Grade ») et reste exposée au « high yield » pour tenir compte du portage offert par le spread. A l’inverse, l’or continuera d’être délaissé tant que les banques centrales interviendront.

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.