Mark Mobius : « les actions ne sont pas affectées par le terrorisme »

Mark Mobius, patron du Templeton Emerging Markets Group, distingue la situation politique des pays de celle des entreprises qui y sont cotées.

Emma Wall 02.10.2013
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Emma Wall : Bonjour et bienvenue sur Morningstar pour notre série : « Pourquoi devrais-je investir avec vous ? » Je suis Emma Wall et avec moi, aujourd’hui, Mark Mobius, président exécutif de Templeton Emerging Markets Group. Bonjour Mark.

Mark Mobius : Bonjour.

Emma Wall : Vous suivez les marchés émergents depuis plusieurs décennies. Durant cette période, certains pays ont-ils rejoint la catégorie des pays développés ?

Mark Mobius : Oui, et cela au tout début, lorsque nous avons débuté en 1987, nous avions la Grèce et le Portugal dans les émergents. Ces pays se ont progressivement  acquis le statut de pays développé, et maintenant la Grèce fait un retour en arrière.

Emma Wall : Si l’on regarde vers l’avenir, quels pays pourraient selon vous connaître un tel changement ?

Mark Mobius : Il est possible que la Corée évolue. Les fournisseurs d’indices ont examiné ce cas de manière très attentive. Taiwan pourrait aussi être dans cette catégorie, mais cela est difficile, car la distribution des revenus dans ces pays est très vaste et généralement la définition des marchés émergents repose notamment sur le revenu par habitant.

Emma Wall : Est-ce quelque-chose que vous considérez lorsque vous envisagez un investissement? Cherchez-vous des pays qui pourraient changer de statut ?

Mark Mobius : Pas vraiment, car notre attention se porte sur les societies avant tout, quelle que soit leur nationalité. Il se trouve que nous gérions des fonds dans des marchés émergents où la croissance est très rapide et où les profits des entreprises évoluent vite.

Emma Wall : En regardant l’actualité du moment, des situations de guerre civile sont apparues en Syrie et des attaques terroristes ont récemment marqué les esprits au Kenya. Quelle influence cela a-t-il sur votre processus d’investissement ? Si vous trouvez une opportunité attrayante, ces tensions vous amènent-elles à ne pas investir ?

Mark Mobius : Nous ne prenons pas cette décision très souvent. Cela arrive lorsqu’un gouvernement annonce qu’il entend confisquer vos biens ou qu’il va restreindre le marché des changes, si bien qu’il est impossible de sortir son argent du pays. En ce qui concerne le Kenya, nous allons probablement continuer à acheter, en particulier si la Bourse locale baisse sensiblement. Il est intéressant de noter que malgré le drame qui s’y est déroulé, la Bourse n’a pas reculé, ce qui illustre la sagesse des investisseurs. Ces derniers savent que cet incident est isolé dans un pays de cette taille.

Emma Wall : Au Moyen-Orient, la situation est différente. Quelle est votre position sur la région ?

Mark Mobius : Nous continuons d’investir en Egypte et au Moyen-Orient. De nouveau, nous observons que les titres des journaux se focalisent beaucoup sur les tensions localement, mais que les entreprises continuent de bien se porter et sont très rentables. Notre travail est de nous focaliser sur les sociétés de ces pays.

Emma Wall : En matière de de décision d’investissement, quels sont les facteurs qui vous guident dans la gestion de vos portefeuilles, si cela n’est pas la macro-économie ?

Mark Mobius : La première chose, c’est le management. Celui-ci a-t-il une attitude équitable à l’égard des actionnaires ? Est-il capable ? A-t-il fait ses preuves pour faire croître les résultats de l’entreprise dont il a la charge ? Ensuite nous regardons des indicateurs comme le rentabilité des fonds propres, la rentabilité du capital investi, les dividendes. La société paie-t-elle un dividende, car si ce n’est pas le cas, quelque-chose ne va pas, à moins que ce ne soit une start-up ou une entreprise qui croit tellement vite qu’elle veut investir ses résultats dans la croissance. Enfin, nous regardons les flux de trésorerie, quelle est la situation, et les marges, bien sûr, qui sont très importantes.

Emma Wall : Y a-t-il autant d’opportunités aujourd’hui qu’il y a 10, 20 ou 30 ans ?

Mark Mobius : Il y en davantage, car il y a plus de titres cotés. Chaque année, 200 à 300 milliards de dollars d’actions nouvelles viennent se coter dans les marché s émergents. Nous avons du choix.

Emma Wall : Merci beaucoup.

Mark Mobius : Merci.

Emma Wall : C’était Emma Wall, pour Morningstar. Merci de nous avoir suivi.

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A propos de l'auteur

Emma Wall  est l'éditrice du site Morningstar.co.uk