5 ans après

Petite revue du paysage de l’investissement après la chute de Lehman Brothers.

John Rekenthaler 17.09.2013
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Leçons de la demi-décennie écoulée

Je ne rejoindrai pas d’autres commentateurs à la recherche de leçons d’ordre économique, réglementaire ou politique après la faillite de Lehman en septembre 2008. La règle de Volcker fait peut-être sens. Fannie Mae et Freddie Mac devraient peut-être être démantelés. Et la réponse de la Fed après la récession a été appropriée. Ou l’inverse. Ce n’est pas un sujet d’intérêt selon moi.

Cela sera peut-être perçu comme un sacrilège, ces sujets ne sont pas vraiment pertinents pour une chronique sur l’investissement. Comme Bill Gross l’a démontré avec sa prévision en 2009 d’un « New Normal », qui était particulièrement juste à prévoir un environnement de croissance économique anémiée et particulièrement faux à déconseiller d’acheter des actions sur leurs plus bas, il n’y a pas vraiment de lien entre l’économie et la Bourse. Peter Lynch, gérant du fonds Magellan chez Fidelity, avait l’habitude de dire que 15 minutes passées chaque année à réfléchir à des questions économiques, c’était 10 minutes de trop.

Il y a quelques résultats d’après-krach à souligner en matière d’investissement – le triomphe de Bogle étant l’un d’eux. Jack Bogle était une figure de l’industrie en 2008. Cinq ans après, sa situation n’en est que renforcée. De nombreux gérants actifs aux Etats-Unis ont lamentablement échoué à battre leur indice de référence, perdant le peu de crédibilité qui leur restait, confortant la victoire éclatante de Bogle dans le débat entre gestion active et passive. Les ventes de Vanguard ont d’ailleurs fortement progressé. (Pourtant, de manière ironique, le gros du succès de Vanguard s’est fait sur son offre d’ETF, dont Bogle se méfiait). La philosophie « buy and hold » de Bogle s’est avérée payante.

Le principe conduisant à acheter des actions suite à une grosse correction boursière tient toujours bon. Au cours des cinq décennies écoulées, les actions (représentées par le S&P 500) ont à quatre reprises chuté de plus de 35% par rapport à leur plus haut. A ces 4 occasions, 1974, 1987, 2002 et 2008, le marché est resté stable après avoir corrigé de 35%, puis s’est engagé dans une phase de rebond vif. Il serait inopportun de suggérer que ce 35% est un chiffre magique. Pourtant, la prochaine fois que les marchés s’effondrent et que la presse évoque une situation de panique, il sera opportun de prendre sa respiration lorsque la baisse atteint un tel niveau et se demander, si, peut-être, la situation n’est pas si catastrophique qu’il n’y paraît.

Les obligations se sont aussi bien portées. Avec une inflation faible et une qualité de crédit qui n’a pas été une trop grande source d’inquiétude, les obligations de toutes sortes en ont profité : obligations d’Etat, obligations privées, à haut rendement… La mode était récemment de parler d’une bulle obligataire et d’être aux petits soins pour tous les gérants qui investissaient cette classe d’actifs et dédaignaient les actions. Pourtant, la situation d’après krach était cette fois-ci bien différente de celle des années 1973-74, quand les obligations avaient énormément souffert.

Enfin, la notion de « risk on risk off » a pris un coup, elle aussi. Il y a cinq ans, la plupart des investisseurs pensaient que les actions émergentes étaient l’un des axes majeurs d’investissement pour le long terme. Les banques centrales étaient libres, les prix des actifs montaient et l’optimisme prédominait, justifiant une attitude « risk on », ce qui était favorable aux actions émergentes. L’inverse se produisait lorsque les investisseurs prenaient peur et les actions émergentes corrigeaient d’autant. Ce schéma s’est produit en 2008 et 2009, avec le rebond en « V » des marchés émergents. La classe d’actif s’est traînée quand les actions des pays développés remontaient. Le mode était plutôt « risk on », alors que la catégorie émergents étaient « off ».

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A propos de l'auteur

John Rekenthaler  is vice president of research for Morningstar.